La droite politique et nombre d’auteurs en vogue ne parlent pas de l’Histoire qui forma la France, ni de celle qui se poursuit dans les conflits planétaires. Ils agitent des références identitaires.
Les lumières se sont éteintes, la droite a dégoté son candidat naturel, retrouvant tout à la fois le libéralisme avancé de Giscard et le côté vieille France catholique de Michel Debré. Dans le dernier débat opposant Alain Juppé à François Fillon, il fut question, pendant quelques minutes, de l’Histoire et de son enseignement. Le sujet semblait avoir assez d’écho dans l’opinion pour que Najat Vallaud-Belkacem répliquât aussitôt par un communiqué. «Faux débat», affirmait alors la ministre de l’Education nationale. Ce n’était pas totalement inexact, François Fillon agitait des pans d’histoire qui, selon lui, n’étaient plus enseignés quand ils le sont toujours, avec autant d’inégalités dans la transmission que toutes les autres matières. Mais, au-delà du plaidoyer pro domo rappelant que Clovis, Jeanne d’Arc et les Lumières figurent toujours dans les programmes scolaires, l’absence de réaction sur le fond du débat laisse songeur.
La droite politique et nombre d’auteurs en vogue ne parlent pas de l’Histoire qui forma la France, ni de celle qui se poursuit dans les conflits planétaires. Ils agitent des références identitaires. Les Gaulois, fondement de l’identité selon Sarkozy, sans doute par Goscinny, auquel le Petit Nicolas doit autant qu’à Astérix. Puis, dans le débat opposant François Fillon à Alain Juppé, les origines d’un roman ou d’un récit national, remontant au baptême de Clovis pour retrouver une sorte de mythologie française. Les références agitées ne manquent pas d’intérêt historique, mais elles sont sélectionnées en tant que bases d’une identité nationale. Ces références ne visent même pas à reconstruire le feuilleton historique qui fondait jadis l’enseignement républicain. La vague conservatrice, littéraire et politique, occulte systématiquement l’événement de portée universelle qui fonda la République française, rien de moins que la Révolution.
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