Selon le « JDD », Manuel Valls annoncerait sa candidature à la présidentielle de 2017 d’ici à mardi. Et quitterait son poste de Premier ministre dans la foulée. Une annonce attendue depuis le renoncement de François Hollande et qui rebat une nouvelle fois les cartes dans la course à la présidentielle à gauche.
Pour Manuel Valls, l’opération candidature à la présidentielle 2017 entre dans sa phase finale. Quatre à cinq jours seulement après la surprise du chef Hollande, le Premier ministre devrait annoncer sa candidature à la présidentielle 2017, via une participation à la primaire de la Belle alliance populaire (BAP), selon les informations du JDD ce 4 décembre. Et pour mener à bien sa campagne, il quitterait bel et bien Matignon.
Un départ qui, comme l’a raconté Marianne, était déjà au menu du lundi 28 novembre lorsque, à l’heure du déjeuner, il était venu annoncer au président de la République son intention de partir pour se présenter. Ce dernier l’avait finalement convaincu de rester, invoquant le risque d’une « crise institutionnelle » et sous-entendant – les choses sont rarement dites avec clarté concernant Hollande – qu’il n’irait pas lui-même. Une promesse concrétisée trois jours plus tard avec l’annonce de son abdication. Désormais, Manuel Valls peut partir sans donner l’impression d’un déchirement au sommet de l’Etat. Quitter Matignon n’était cependant pas une obligation. Mais, comme le souligne le JDD, c’est sans doute échaudé par les difficultés de la campagne présidentielle du Premier ministre en exercice Lionel Jospin en 2002, dont il était le porte-parole, que Manuel Valls a choisi de trancher dans le vif et de se consacrer pleinement à sa campagne.
Dans le grand jeu de « Qui est-ce ? » de la gauche où de nouveaux portraits se révèlent quand d’autres disparaissent au gré des annonces de renoncement ou de candidature, l’officialisation des ambitions de Manuel Valls tourneboule les fidèles de la ligne sociale-démocrate au sein du PS. Déjà médusés par l’abandon de leur champion, les voilà chafouins face à la carte d’un ex-jeune premier à qui ils auraient donné le bon Dieu sans confession il y a encore quelques mois de cela. Mais voilà, le « tireur couché » dénoncé par Emmanuel Macron dans les colonnes du JDD ce dimanche a fait feu de tout bois pour que la carte Hollande se rabatte d’elle-même. Objectif atteint et accusation de « trahison » dans les rangs des hollandais et du PS « de gouvernement ».
La coquille de la Belle alliance populaire, qui sonnait creux avant les événements de ces derniers jours, va-t-elle regagner en légitimé avec la candidature de Manuel Valls ? Ils n’étaient ainsi pas plus de 3 000 à la grande convention nationale de la BAP organisé ce samedi dans le 19e arrondissement de Paris, au lieu des 10 000 fidèles attendus. Ce qui n’a pas empêché les escarmouches au-dessus des sièges vides entre hollandais aigris opposés aux vallistes accusés de toutes les traîtrises. Dans ce contexte, l’appel surjoué de Jean-Christophe Cambadélis au rassemblement sous la bannière de la BAP d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon fait pschitt.
« Rendre ses chances à la gauche »Manuel Valls aura bientôt tout le loisir de goûter aux délices des vieilles querelles internes de son parti. Pour l’heure, il doit d’abord négocier l’annonce de son départ imminent. Et ne devrait pas participer à la réflexion quant au nom de son successeur. L’entourage de François Hollande évoque auprès du JDD un profil neutre, loin des histoires de parti et de primaire : « Si le Président a décidé de se détacher de la compétition électorale, ce n’est pas pour y mettre les mains. Il faut donc un gouvernement qui se tienne à l’écart des divisions de la primaire… » Une charge en moins pour celui qui aurait décidé de partir à la bataille avec comme slogan « Rendre ses chances à la gauche« .
Reste à savoir quelles seront ses chances à lui, Manuel Valls, dans un parti où les frondeurs le haïssent, les aubrystes le détestent et les hollandais le méprisent. Le salut viendra peut-être de la seule voix qui compte vraiment, celle des citoyens : d’après un sondage du JDD publié ce dimanche 4 décembre , 45 % des sympathisants de gauche interrogés après le renoncement de François Hollande souhaitent voir Manuel Valls candidat de la Belle alliance populaire à l’élection présidentielle de 2017. Un chiffre qui monte à 61 % chez les sympathisants du Parti socialiste. Dans les rangs des sympathisants de gauche, Manuel Valls devance largement Arnaud Montebourg (25 %) et Benoît Hamon (14 %) au premier tour.
Dans l’éventualité d’un second tour de la primaire, les choses se corsent pour l’actuel Premier ministre : il ne l’emporterait que de 51 % contre 49 % pour Arnaud Montebourg, selon les réponses données par l’assiette large du peuple de gauche à l’Ifop. Autant dire match nul, et sans oublier les marges d’erreur bien connues. Même en cas de victoire de Manuel Valls à la primaire, ce dernier n’en n’aurait pas fini avec les adversaires de gauche ou assimilé comme tel : il lui resterait encore à affronter au premier tour de la présidentielle au moins Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, bien décidés à ne pas passer par la case primaire malgré l’absence de François Hollande. Pour Manuel Valls, la longue route vers le 23 avril 2017 ne fait que commencer.
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