C’est l’antienne du moment : quel que soit le sujet concerné, la flèche antipopuliste extraite du carquois abat l’ennemi désigné.
Il est des idéologues qui sont comme les girouettes vouées à indiquer le sens du vent : ils donnent l’orientation de la brise médiatique du moment. Alain Minc, qui n’a jamais manqué de souffle, est l’un de ces météorologues de la pensée. Voici peu, il déclarait : «Le populisme est plus que jamais la menace pour les pays occidentaux.» On aurait pu croire que le danger numéro un, c’était le djihadisme sanguinaire, ou le risque de guerre nucléaire, ou la mondialisation malheureuse, ou le réchauffement climatique, ou l’explosion des inégalités, que sais-je encore… Eh bien, non, c’est le populisme, bouc émissaire préféré de l’élite.
Avec l’assurance qui fait son charme, Alain Minc n’a fait que reprendre l’antienne du moment. Quel que soit le sujet concerné, la flèche antipopuliste extraite du carquois abat l’ennemi désigné. La victoire de Donald Trump ? Populisme. Le vote du Brexit ? Populisme. La percée d’Ukip en Grande-Bretagne ? Populisme. Le phénomène Orban en Hongrie ? Populisme. La contestation de l’Union européenne ? Populisme. Le parti de Beppe Grillo en Italie ? Populisme. Podemos en Espagne ? Populisme. Le FN ? Populisme. Mélenchon ? Populisme.
Telle est donc la victime expiatoire à sacrifier au nom de la purification idéologique destinée à remettre la piétaille sur le droit chemin. Tant pis si, au passage, on mélange torchons et serviettes en jetant dans le même sac d’opprobre de grossiers démagogues (Trump), des racistes avérés (Orban), des nationalistes pur jus (Nigel Farage), des xénophobes en gants blancs (Marine Le Pen) et des mouvements ayant vocation à exprimer la voix des sans-voix, qu’il s’agisse des indignés (Pablo Iglesias) ou des insoumis (Jean-Luc Mélenchon). Tant pis si l’on cloue au même mur de la honte la gauche alternative et la droite extrême, les héritiers des résistants et les descendants des collabos. Malgré leurs histoires différentes et des approches qui les situent aux antipodes, les voilà renvoyés dos à dos par les «experts» autoproclamés et les éditorialistes assis, à commencer par ceux du Monde et de Libération. Si besoin, on parlera même de «national-populisme», histoire de pimenter la diabolisation en y ajoutant un parallèle douteux avec le national-socialisme.
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