Professeur de science politique, Laurent Bouvet est l’auteur de « L’insécurité culturelle » (Fayard). Selon lui, les élites vivent dans une forme d’optimisme tandis que les classes populaires ont le sentiment de perdre leur identité.
Marianne : Après le Brexit en juin, la victoire de Donald Trump est-elle une nouvelle manifestation électorale de ce que vous appelez «l’insécurité culturelle» ?
Laurent Bouvet : Cette élection confirme d’abord que les clivages économiques et sociaux ne suffisent pas à expliquer le comportement électoral des classes populaires. Les ouvriers de la «ceinture de rouille» n’ont pas voté pour Bernie Sanders, mais pour Donald Trump ! L’autre élément, c’est en effet le rôle déterminant joué par l’«insécurité culturelle». Elle reflète l’inquiétude de l’individu par rapport à la manière dont il vit, au monde tel qu’il va (mal), et à la façon dont ces bouleversements viennent percuter son existence. L’électeur se dit : «Je suis en train de perdre ce que j’ai, et surtout ce que je suis…» L’enjeu, c’est clairement l’identité. Toutes ces angoisses remettent en question l’identité de chacun. Tout élément touchant à la politique, à l’actualité ou à la vie quotidienne alimente cet engrenage. Peu importe que ces représentations soient réelles, on sait que l’on ne vote pas seulement selon la réalité, mais aussi selon ce que l’on ressent.
C’est ce que les élites reprochent au peuple : elles l’accusent de «mal voter»…
C’est là que l’on touche à une autre dimension tragique, ce fascinant aveuglement des élites au sens où, déjà, l’historien Marc Bloch le définissait dans l’Etrange Défaite. Les élites ne comprennent pas le peuple car elles ne vivent pas dans le même monde.
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