Quand des citoyens se montrent rétifs au prêt-à-penser qui tient lieu d’opinion obligatoire, on les somme de rentrer dans le rang au plus vite, de baisser la tête…
Quand des élèves travaillent mal à l’école, on leur explique qu’ils n’ont pas bien appris la leçon et qu’il leur faut être plus attentifs en classe. De même, quand des citoyens se montrent rétifs au prêt-à-penser qui tient lieu d’opinion obligatoire, on les somme de rentrer dans le rang au plus vite, de baisser la tête, de se remettre au boulot et d’accepter un lavage de cerveau. C’est ainsi : toute pensée différente relève au mieux d’une dissidence inavouée, au pis d’une intelligence atrophiée.
Comment ont réagi les autorités de Bruxelles face à la fronde anti-Ceta, du nom du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada ? Donald Tusk, président du Conseil européen, a expliqué : «Le libre-échange et la mondialisation protègent, mais peu de gens le comprennent et le croient» (où l’on voit que les «gens» se laissent facilement abuser). L’eurocrate a poursuivi, sur le ton de l’enseignant confiant son malaise à ses collègues dans une salle de professeurs : «Il faut les convaincre.» Puis il a conclu : «Ceux qui sont dans la rue doivent entendre et, si possible, écouter aussi.»
Bref, avec un minimum de pédagogie et un effort conséquent des esprits mal formés, tout rentrera dans l’ordre et l’on pourra chanter les louanges de la «mondialisation heureuse» chère à Alain Minc et à ses amis. Telle est la ritournelle de rigueur à chaque fois qu’il y a une fracture entre les choix des élites (de gauche ou de droite) et les attentes des peuples.
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