Pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump ouvre une période de changements sans doute chaotiques.
Marianne : Que nous dit, selon vous, l’élection inattendue de Donald Trump de l’état de santé des démocraties occidentales ?
Dominique de Villepin : Son succès révèle les failles de notre monde. Donald Trump est parvenu à saisir le désir profond d’une partie de l’Amérique. Il incarne le winner à l’américaine, celui qui gagne envers et contre tout, même si ce doit être au mépris des règles. Pour un peuple qui a appris en 2008 que respecter les règles, cela pouvait signifier voir saisir sa maison, perdre son emploi, il porte leur espoir de s’en sortir. D’autant que le discours protectionniste touche une corde sensible chez beaucoup d’ouvriers de la «ceinture de la rouille». Il incarne aussi la peur de l’Amérique de perdre sa domination mondiale. Tous les empires déclinants ont leurs empereurs fous, leurs «anarchistes couronnés».
Mais il y a aussi le showman, l’homme de spectacle qui triomphe dans une démocratie d’opinion corsetée de convenances et de symboles. En un sens, il fait la synthèse aux Etats-Unis de ce qui se présente dans les populismes européens en ordre dispersé, le côté farces et attrapes et fort en gueule de Beppe Grillo en Italie, l’angoisse identitaire de Marine Le Pen ou le protectionnisme nationaliste qui prospère en Europe orientale.
Il est le produit d’un affaissement de la démocratie tranquille, parfois élitiste, souvent mécanique, qui s’est imposée depuis 1989 faute d’affrontement idéologique. Pour autant, il ne propose guère d’alternative. Son programme économique notamment est beaucoup plus traditionnel que son image, baisses d’impôts, «ruissellement» de la richesse. Il faut en tirer, aux Etats-Unis comme chez nous, les conséquences et entendre les peuples sans jouer sur les peurs, les colères et les haines.
Donald Trump a une réputation d’isolationniste. Qu’est-ce que son élection à la Maison-Blanche change pour nous, Français et Européens ? Est-ce une si mauvaise nouvelle que cela en matière de politique étrangère ?
Pour le monde s’ouvre, avec la présidence de Donald Trump, un temps de changements sans doute chaotiques.
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