Ce samedi 5 novembre, les communistes se réunissent en Conseil national pour décider de leur stratégie pour l’élection présidentielle et les législatives de 2017. Soit soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon, soit continuer à vouloir une « candidature unique de la gauche ».
C’est l’heure du choix pour les communistes. A moins que… Ce samedi 5 novembre, à la Cité des Sciences dans le 19ème arrondissement de Paris, le Parti communiste Français se réunira en Conseil national pour décider de la stratégie à mener pour l’année électorale à venir. En ligne de mire, la présidentielle et les législatives. Une décision attendue par les militants communistes comme par les alliés du parti. Depuis l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la fonction suprême en février dernier, les débats font rage à Colonel Fabien. Et cristallisent les tensions entre ceux qui trépignent de se lancer dans la bataille politique derrière le candidat du Front de gauche de 2012 et ceux qui, piqués au vif par la méthode du fondateur du Parti de gauche, à savoir dégainer sa candidature sans demander l’autorisation à l’ensemble des acteurs du Fdg, freinent des quatre fers.
Deux stratégies s’affrontent. Celle portée par un partie de la direction qui milite pour une alliance des gauches, des frondeurs aux communistes en passant par les écologistes et qui se concrétiserait par une candidature unique. En face, les communistes qui ne veulent plus entendre parler d’alliance avec le PS, à l’image de Marie-George Buffet, ancienne candidate à la présidentielle de 2007. Sur sa page Facebook, le 23 septembre dernier, elle écrit ainsi : « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une véritable alternative à gauche (…) à partir de l’Humain d’abord, de la consultation citoyenne faite par les communistes, faisons commun, et ce commun faisons-le porter par Jean-Luc Mélenchon ».
La direction du parti présentera donc, ce samedi, deux hypothèses à débattre. Soit, appeler « à voter Jean-Luc Mélenchon en affirmant l’autonomie du PCF et sa démarche de rassemblement », ou « engager une candidature issue du PCF porteuse de ses idées et de sa démarche de rassemblement ». Pierre Laurent, depuis le retour d’Arnaud Montebourg dans le grand bain politique, ne cachait pas son envie de dialoguer avec le chantre du Made in France. Voire plus. Ce dernier a d’ailleurs lancé une main tendue à l’appareil communiste dans les colonnes du JDD, se disant prêt à « réaliser l’union des gauches » dès le premier tour « s’ils (les communistes) le souhaitent. Mon projet a été applaudi à la Fête de l’Humanité ».
Mais ce vendredi 4 novembre, à la veille du Conseil national, le secrétaire national a créé la surprise. Dans un urgent, l’AFP titre un peu vite « Pierre Laurent va proposer au PCF de soutenir Mélenchon pour 2017 ». En fait, répondant à une question sur une candidature communiste, il répond : « Ce n’est pas l’option que je privilégie ». On a connu soutien plus enthousiaste ! Une proche du chef des communistes confie : « Pierre Laurent ne veut pas ajouter de la division avec une candidature communiste. Donc soutenir celle qui émane du Front de gauche, c’est logique. » On est loin du blanc-seing. Elle précise d’ailleurs : « S’il ressort de la conférence un soutien à Mélenchon, ça ne veut pas dire que c’est plié. Il y a encore beaucoup de boulot sur le cadre. Celui de la France insoumise n’est vraiment pas acceptable pour le moment. Et d’ici le vote des militants fin novembre, avec la primaire écolo, celle des socialistes, il peut se passer plein de choses… » Rien de définitif, donc.
Une situation qui échaude légérement Eric Coquerel, bras droit de Jean-Luc Mélenchon et coordinateur politique du Parti de gauche. Jeudi matin, après une rencontre la veille avec une délégation de la direction du PCF, il expliquait à Marianne : « C’est la première fois que j’utilise le terme de direction du PCF, mais j’en suis bien obligé pour bien faire la différence avec les militants communistes ». « Mais je crois qu’avec la direction du PCF, on ne se comprend plus », lâchait-il. En cause, des hésitations des responsables communistes qui lui paraissent hors-sol.
« Malgré les sondages, la dynamique engagée et qu’un certain nombre au PCF considérent que ça marche, il nous faudrait tout déconstruire ? », s’interrogeait-il.
D’autant que selon lui, la proposition qui est faite aux responsables communistes « n’est pas de saborder le PCF. Mais de travailler dès maintenant à la recomposition de la gauche ». Signe de l’impatience des amis de Jean-Luc Mélenchon, il glissait : « La meilleure façon de faire disparaître le PCF, c’est qu’ils continuent à suivre cette non-stratégie ».
Du côté d’Arnaud Montebourg, on scrute d’un œil la décision du PCF. « Ca nous intéresse évidemment, on voit bien qu’une partie des dirigeants, je ne sais pas pour les militants, n’adhère pas à la stratégie de Mélenchon d’isolement », confie Laurent Baumel, député d’Indre-et-Loire et soutien de l’ancien ministre du Redressement productif. Pas étonnant, ce dernier, qui a du mal à faire décoller une candidature qui ne se concrétisera vraiment que le jour ou François Hollande se décidera lui-même, vise peu ou prou le même espace politique que le candidat de la France insoumise. Une concurrence qui pour le moment est en sa défaveur.
« Sauf que Mélenchon concourt pour être le premier à gauche, et il pourrait l’être, mais quelle utilité s’il ne passe pas le premier tour ? », répond Baumel. Quant aux communistes, le député socialiste veut calmer les ardeurs de ceux qui imagineraient déjà un axe Montebourg-Laurent. Quelle que soit la décision qui sortira ce samedi, « On n’est pas dans un processus de programme commun. Mais ça pourrait envoyer un signal positif si on décide de poursuivre le travail de rassemblement », juge-t-il.
Pour Eric Coquerel, la décision de ce samedi est aussi moins un enjeu pour la présidentielle que pour l’avenir de la gauche.
« Pour la présidentielle, nous avons déjà lancé un mouvement d’ampleur. Donc on peut y arriver aussi même sans l’appareil militant. Par contre, nous avons besoin des militants communistes pour la recomposition de la gauche à venir. Là, ils sont précieux. Donc c’est moins pour le résultat de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle que pour la suite« , martelait-il.
Avant de conclure, las : « Mais avec la direction, on est dans en attendant Godot… »
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