Régis Debray : "François Hollande est un puceau de l'Histoire"

Rapports de force internationaux, crise européenne, identité… Le philosophe, qui publie un livre ces jours-ci (1), nous propose sa vision du monde tel qu’il va. Le résultat, à lire dans Marianne en kiosques cette semaine, est décoiffant. Extrait.

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Marianne : On disait d’André Breton qu’«il regardait l’Histoire tomber comme on regarde la neige tomber», rappelez-vous dans votre dernier livre… Selon vous, François Hollande, qui pourtant consacre une grande part de son temps et de sa communication à commémorer les morts et à leur rendre hommage, regarde-t-il l’Histoire tomber ?

Je ne me mêle pas de politique intérieure. Je crains simplement que l’histoire de l’humanité commence pour notre président en 1914, ce qui en fait déjà un préhistorien, et en a fait un individu d’exception au sein de l’ENA – généralement, l’Histoire y débute en 1958 ou en 1968… Lui, je crois qu’il remonte jusqu’à Verdun ! Ce n’est pas sa faute. Il appartient à une génération qui n’a connu aucune souffrance, aucune épreuve, aucun bombardement… C’est un puceau de l’Histoire, comme nous tous. On ne peut pas demander à un enfant des médias de prendre le monde à bras-le-corps.

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Selon vous, la France de 2016 est-elle menacée par une guerre civile ?

Ce scénario me paraît improbable. Sauf si un groupuscule de cinglés d’extrême droite, au nom de la race blanche, se met à tirer dans le tas à l’intérieur d’une mosquée. Des réactions s’enclencheraient. Quoi qu’il en soit, le rapport de forces, en termes industriel, militaire et policier, est tout à fait en notre faveur. En revanche, à terme, sans reconstitution intellectuelle et morale, je ne vois pas comment la maison peut encore rester debout… Et le spirituel, ça ne se commande pas. On ne décrète pas une morale, et on ne commande pas une passion. Qu’elle soit patriotique, ou progressiste… Le monde ouvrier est bien mal en point, le monde catholique, aussi… Reste la technocratie bruxelloise, mais, enfin, on s’aperçoit que c’est tout de même une couche de vernis qui craquelle de partout. Donc, oui, le danger est le chacun pour soi et chacun chez soi, c’est-à-dire la décomposition républicaine. Je vois que vous voudriez bien un appel au redressement national à la une de Marianne qui tout d’un coup convoque l’imaginaire collectif…

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(1) Allons aux faits. Croyances historiques, réalités religieuses, de Régis Debray, Gallimard, 256 p., 18 €.


>>> Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le numéro de Marianne en kiosques

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