Crimes de guerre au Congo-Brazzaville : la France laisse filer le principal accusé

Visé par un mandat d’arrêt international pour son rôle dans des massacres présumés d’opposants entre 1997 et 1999, Pierre Oba, le ministre des Mines de Sassou-Nguesso, était en France et en Belgique l’hiver dernier, mais les polices des deux pays l’ont manqué. L’homme est reparti… par avion spécial. Une enquête « Marianne »- « le Soir Magazine ».

Début janvier, un homme accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre est passé entre les mailles du filet judiciaire tressé par la France et la Belgique. Son nom ? Pierre Oba. A 63 ans, il est l’actuel ministre des Mines du Congo-Brazzaville. Riche et puissant, ce général est l’homme-lige du président Denis Sassou-Nguesso. Ce dernier bénéficie de l’immunité pénale réservée aux chefs d’Etat. Impossible, à ce stade, de le juger pour le massacre présumé de milliers d’opposants entre 1997 et 1999. Mais Pierre Oba, lui, est exposé à des poursuites judiciaires.

En sa qualité de ministre de l’Intérieur, il dirigeait les forces de police et de sécurité à l’époque des exactions, et notamment des massacres du Beach (c’est le nom du débarcadère fluvial de Brazzaville, où plus de 300 réfugiés ont disparu en mai 1999). Conformément aux lois dites « de compétence universelle », qui permettent de juger les auteurs de génocide ou de crimes de guerre là où existent des plaintes de victimes, les justices belge et française sont aux trousses d’Oba.

Son nom apparaît pour la première fois en 2001 dans la plainte déposée, notamment, par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) au nom des survivants et des familles des disparus. Mais jamais, à ce jour, Pierre Oba n’a été entendu par les juges français qui se sont succédés sur ce dossier, à Meaux puis à Paris. L’occasion s’est pourtant présentée l’hiver dernier. Las… Une fois encore, le général s’est fait la belle. S’agissait-il de protéger les intérêts économiques de la France au Congo-Brazzaville ? 

Au lieu d’être cueilli par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre, une unité d’élite de la gendarmerie française qui agissait dans le cadre d’une demande de coopération internationale sollicitée par la Belgique, le ministre congolais s’est envolé à bord d’un avion spécial. Un départ assisté… Dont la révélation risque d’électriser les relations diplomatiques franco-belges.

Relations troubles

Pourquoi ce loupé retentissant après six semaines d’observation des moindres faits et gestes de Pierre Oba, en séjour privé sur le sol français ? S’agissait-il de protéger les intérêts économiques de la France au Congo-Brazzaville ? De Jacques Chirac à François Hollande, les derniers locataires de l’Elysée ont tous entretenu des relations troubles avec cet embarrassant pays ami, où coulent le pétrole et le sang. L’ombre de l’affaire Elf, l’un des plus grands scandales politico-financiers des années 90, plane toujours.

(…)

>>> Retrouvez cette enquête en intégralité dans le numéro de Marianne en kiosques.

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