Flics, magistrats, profs, matons, militaires… l'État craque !

Des flics tellement en colère qu’ils descendent dans la rue, des magistrats en état de sidération, des profs régulièrement agressés, des matons à bout, des militaires en manque de reconnaissance… Les agents publics sont en première ligne face à la montée de la violence alors même que le sommet de l’exécutif donne le spectacle du délitement de l’autorité. Un dossier à retrouver dans Marianne cette semaine. Extrait.

On connaît la légende apocryphe. Louis XVI interroge un ministre à l’annonce de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. « C’est une révolte ? » demande le roi. « Non, Sire, c’est une révolution ! » L’anecdote est probablement fausse, mais elle est populaire, pour une raison simple : la France a connu quelques « Louis XVI au petit pied », qui, heureusement, n’ont pas fini comme lui. François Hollande, notre actuel souverain républicain, est le dernier avatar de l’Histoire.

Le président de la République recevait les syndicats de policiers mercredi 26 octobre à l’Elysée, dans le but de calmer une jacquerie de flics qui tiennent les rues de l’Hexagone depuis plus de dix jours, à l’heure où s’écrivent ces lignes, comme les manants autrefois tenaient les places des villages. Et, comme le Bourbon, il devait se demander : « Comment en suis-je arrivé là ? » Car François Hollande était presque certain d’avoir tout bon en ce qui concerne l’ordre public. Il sufft de lire la page 629 de l’incroyable chronique du règne tenue par Gérard Davet et Fabrice Lhomme pour constater son incroyable aveuglement : « On ne nous fera pas le procès du laxisme, ou de ne pas avoir de résultats en matière de sécurité, car les résultats sont très convenables. »

« Ceux qui reçoivent la gifle sont les petits, les sans-grade : les soldats de l’Etat craquent. » 

La gauche de gouvernement est sûre de son bon droit parce qu’elle a augmenté les effectifs de la sécurité, de la justice et de l’enseignement, que la droite sarkoziste avait laminés. Mais, confie un responsable socialiste, « l’histoire a galopé plus vite que les crédits budgétaires et depuis lors les institutions sont toujours submergées ». Par les attentats terroristes de 2015 et 2016, d’abord, par les violences en marge des manifestations contre la loi El Khomri ou sur les ZAD autoproclamées, ensuite, et, maintenant, par les cocktails Molotov lancés par des voyous contre les policiers en faction, mais aussi des lycées ou des autobus de banlieue. Toujours attentif à ces phénomènes, Manuel Valls identifie, le 24 octobre, « le pendant de cette violence extrême : la contestation large de l’autorité ».*

Un défi est jeté à la face de l’Etat. Et ceux qui reçoivent la gifle sont les petits, les sans-grade : les soldats de l’Etat craquent.

(…)

* Sciences-Po Cevipof, « Enquête électorale française : comprendre 2017 », février 2016.

 


>>> Retrouvez l’intégralité de ce dossier dans le numéro de Marianne en kiosques

 

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