Leçon de protectionnisme à l'américaine

L’empire américain a édicté une batterie de normes juridiques qu’elle impose sans vergogne à ses partenaires (et concurrents), au nom de l’«extraterritorialité» de leur législation, sans susciter de réactions autres que verbales…

Officiellement, depuis l’accord du 14 juillet 2015 entre Téhéran et les capitales occidentales sur le dossier nucléaire, plus rien n’interdit le retour des entreprises françaises en Iran. Dans les faits, rien ne bouge ou presque, non en raison d’une frilosité des groupes tricolores (tous seraient ravis de revenir dans un pays qui amorce son décollage), mais à cause du blocage des banques qui freinent des quatre fers par crainte d’éventuelles représailles de la justice américaine. En effet, cette dernière a pris l’habitude d’étendre son champ d’action bien au-delà de ses frontières nationales, en mettant en œuvre ce que l’on peut appeler une version américaine de la théorie de la souveraineté limitée chère à Leonid Brejnev du temps où l’Union soviétique l’imposait à ses satellites.

Certes, les Etats-Unis d’aujourd’hui ne sont pas l’URSS d’antan et la France n’est pas l’ex-RDA. Reste que l’empire américain a édicté une batterie de normes juridiques qu’elle impose sans vergogne à ses partenaires (et concurrents), au nom de l’«extraterritorialité» de leur législation, sans susciter de réactions autres que verbales. Coauteur, avec Karine Berger (PS), d’un rapport d’information parlementaire sur le sujet, le député LR Pierre Lellouche est allé jusqu’à dénoncer «la puissance du rouleau compresseur normatif américain qui revêt la forme d’un véritable impérialisme juridique et économique». Il précise même, dans une récente interview à l’Opinion : «Sous couvert de grands principes avec lesquels tout le monde ne peut être que d’accord, comme la lutte contre l’évasion fiscale ou la lutte contre la corruption, les Etats-Unis imposent leurs lois aux entreprises étrangères, même quand leurs activités n’ont aucun lien avec le territoire américain.» Pour qu’un honorable parlementaire LR en arrive à parler avec les accents d’un Jean-Luc Mélenchon, il faut que l’affaire soit grave.

Elle l’est, et elle mérite réflexion en un temps où l’Europe se pique de négocier avec Washington un traité transatlantique inspiré de la doxa libre-échangiste.

(…)


>>> Retrouvez l’intégralité de cet éditorial dans le numéro de Marianne en kiosques

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou au numéro via   et Android app on Google Play

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply