Ces agressions de professeurs que nous ne pouvons plus tolérer

La remise en question de la légitimité des enseignants et l’incapacité de certains élèves à mettre en mots leur pensée mènent aujourd’hui à des situations de graves violences. Le décryptage d’Alain Bentolila est à retrouver dans « Marianne » en kiosques. Extraits.

Tremblay, Calais, Epinay-sur-Seine, les agressions se multiplient contre proviseurs et enseignants… Ces collèges et ces lycées professionnels défavorisés, clones éducatifs des cités de relégation qui les entourent, sont peu à peu devenus des camps retranchés où des enseignants à bout de souffle tentent désespérément d’attirer des élèves rebelles à tout apprentissage et d’empêcher d’autres jeunes d’entrer pour commettre des actes de vandalisme et de violence. Nous devons, bien sûr, exiger de plus en plus de forces éducatives ou policières autour et dans les établissements, mais on ne pourra se contenter longtemps de défendre des «fortins éducatifs» contre des tribus indigènes «inexplicablement» insensibles aux propositions éducatives et culturelles de la République. Il nous faut donc tenter de comprendre… Je dis bien de comprendre, et non pas d’excuser.

Deux réflexions me semblent pouvoir expliquer la brutalité et la rapidité du passage à l’acte de certains élèves et parfois de certains parents : la première tient à la déliquescence de la légitimité du maître ; la seconde est l’incapacité de nos élèves à mettre en mots leur pensée. Elles éclairent l’une comme l’autre la question de la violence scolaire d’une façon infiniment plus honorable que l’appartenance à une religion ou à une ethnie.

ll est une interpellation qui met gravement en cause les principes républicains de notre école et détruit le sens même de sa mission de transmission. Lancée, et pas uniquement dans les quartiers, par bien des élèves et parfois par certains parents, elle s’adresse au maître dans les termes suivants : «T’es qui, toi, pour me dire ce qui est beau ou ce qui est vrai ?» Cette apostrophe manifeste une rupture profonde avec les valeurs et les savoirs de notre école. Elle met surtout en cause la légitimité du maître à transmettre le corpus de vérités et de beautés qui nous rassemblent ; et, conséquemment, elle annonce une possible soumission de certains élèves au premier prophète ou à la première idole venue.

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