Le président de la République a reconnu la responsabilité de la France dans l’abandon des harkis. En revanche, l’Algérie refuse d’ouvrir ses archives et occulte les massacres qui ont suivi la proclamation de l’indépendance. Un récit à retrouver dans les pages Histoire de « Marianne » en kiosques cette semaine.
L’armée française aurait-elle pu sauver les harkis ? Il est vrai que les dernières forces françaises n’ont évacué l’Algérie qu’en juin 1964. Cependant, après le référendum du 1er juillet 1962 et la proclamation de l’indépendance, l’armée française ne pouvait sortir de ses casernes sans l’aval de l’exécutif provisoire algérien puis du gouvernement de Ben Bella. La responsabilité du pouvoir gaulliste ne peut donc être directement alléguée. Sauf à lui faire grief de n’avoir pas dénoncé la violation, par la partie algérienne, des accords d’Evian. Ces derniers garantissaient la sûreté de la population européenne, des anciens supplétifs de l’armée française, des messalistes.
Le réquisitoire contre la jeune Ve République fut énoncé, le 23 septembre 2001, par le président Jacques Chirac alors en précampagne électorale : «La France n’a pas su sauver ses enfants de la barbarie.»
A ce titre, des documents officiels sont terriblement accusateurs sur le refus du transfert de harkis en métropole, comme en témoigne le télégramme «très secret» de Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, le 12 mai 1962 :
«Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie. […] Je n’ignore pas que ce renvoi peut être interprété par les propagandistes de la sédition comme un refus d’assurer l’avenir de ceux qui nous sont demeurés fidèles. Il conviendra donc d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure.»
Massacres algériens. Abandon français.
Par le geste de François Hollande, «nous trouvons la paix des mémoires», a déclaré Mohamed Otsmani, membre du Comité de liaison national des harkis. Rien n’est moins sûr. L’hypermnésie repentante qui a marqué les présidences Chirac, la corde pénitentielle des post-colonial studies et le grand silence algérien sur l’Histoire entravent la nécessaire mise en perspective des engagements d’Algériens musulmans aux côtés de l’administration ou de l’armée française. Ceux-là ne datent pas de 1955, année de création des premières unités musulmanes : groupes mobiles de protection rurale (GMPR) puis moghaznis pour les sections administratives spécialisées (SAS) de Soustelle ; ni de 1956 avec les premières harkas impliquées dans les combats.
LA LONGUE HISTOIRE DU CONTACT COLONIAL
Les décennies de présence française en Algérie ne peuvent se réduire aux affrontements sanglants, ni à l’imposition d’un ordre injuste brimant tous les éléments des populations autochtones. Quelque critique qu’on lui adressât, la domination coloniale a fini par paraître légitime à travers sa pérennité et la succession des générations. Jamais une contre-autorité n’a pu emporter l’adhésion massive des «indigènes» avant le ralliement forcé au FLN en 1962.
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