La colère des Français asiatiques

Agressions, vols, séquestrations…, la communauté asiatique n’en peut plus. Quitte à faire mentir sa réputation de discrétion à toute épreuve, elle clame son ras-le-bol de la violence. Mais aussi du racisme trop souvent toléré dont elle est victime.

«Blacks – Blancs – Beurs : où sont les Jaunes ?» lisait-on ce jour-là sur une pancarte brandie par un manifestant. Le 4 septembre dernier, «les Jaunes», donc, étaient place de la République, à Paris. Surplombant l’estrade installée à quelques mètres de la statue de Marianne, l’immense portrait d’un homme aux traits asiatiques, et une question : «Qui sera le prochain ?»

Quelques semaines auparavant, à Aubervilliers, Zhang Chaolin, un couturier de 49 ans, avait succombé aux blessures infligées par trois jeunes agresseurs qui en voulaient à son sac à dos. «Des insultes, nous sommes passés aux vols à l’arraché, et maintenant à l’agression en bande organisée», commente Jacques Hua, 38 ans, l’un des organisateurs et le porte-parole de la manifestation. En banlieue – Bobigny, Vitry-sur-Seine, Ivry… – ou à Paris dans le quartier de Belleville, les attaques ciblant spécifiquement les Asiatiques sont quotidiennes. «A Aubervilliers, au début de l’année, on comptait entre cinq et dix vols avec violence par semaine, confirme Me François Ormillien, l’un des avocats de la communauté. Ce sont des équipes de deux ou trois qui font ça de manière très régulière. Les personnes interpellées sont jugées pour sept, dix, douze agressions successives.»

Souvent perpétrés par des mineurs, les délits n’en sont pas moins d’une grande violence : vols avec passage à tabac dans la rue, mais aussi car-jacking ou séquestrations à domicile, auxquels s’ajoutent parfois des actes de torture. «Ça ne peut plus durer, résume Jacques Hua. On a des dizaines d’histoires dans notre entourage proche. On s’est tous dit que ça aurait pu être notre père.»

 

UN MESSAGE DESTINÉ À L’ÉTAT

Depuis la mort de Zhang Chaolin, les Chinois d’Ile-de-France ont décidé de faire mentir leur réputation de discrétion à toute épreuve. La manifestation parisienne, spectaculaire, a donné le ton. Pour l’occasion, les Teochiu, arrivés de la péninsule indochinoise dans les années 70 avec les boat people, ont fait cause commune avec les Wenzhou, arrivés plus tard, et majoritaires dans Paris et sa banlieue. Vingt mille personnes, une organisation au cordeau, un encadrement assuré par des escadrilles de volontaires en gants coqués : les forces de police, qui n’ont eu à interpeller aucun fauteur de troubles, ont dû se sentir en vacances.

(…)


>>> Retrouvez l’intégralité de ce reportage dans le numéro de Marianne en kiosques

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou au numéro via  et Android app on Google Play

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply