Ils sont jeunes et pleins de bonne volonté. Les membres de ce mouvement de « dialogue interconvictionnel » prônent une laïcité où les religions occupent une place essentielle. Et entretiennent des relations ambiguës.
C’est un joli cahier de vacances, plein de quiz, de QCM et de jeux intitulés « Coexistez, bons dieux ! ». Sur la couverture, des tongs, des lunettes de soleil, un chandelier à sept branches, un missel, un Coran et une photo de Marianne : « Des juifs, des chrétiens, des musulmans, des athées, des agnostiques, des bouddhistes enfin réunis ! » annonce la quatrième de couverture, qui propose toute une série de « questions essentielles : une huître est-elle casher ? Est-ce que tous les chrétiens fêtent les saints ? Un ketupat, est-ce une prière, un plat ou un vêtement ? Qu’est-ce que la laïcité ? » Quatre-vingts pages, aux éditions du Cerf (maison spécialisée dans les textes religieux et gérée par l’ordre dominicain), qui permettent de découvrir les grands monothéismes, avant d’aborder la question épineuse de la laïcité. Pas la partie la plus simple : « « Athéisme » et « antireligieux » (ainsi que parfois « laïcité », non sans malentendu sur ce que recouvre ce mot) ont tendance à se confondre, plus sous l’effet d’un rejet commun (celui des religions) que par adhésion à une proposition positive, constructive», déplorent les auteurs. Pas simple, en effet…
Qui sont ces organisateurs ? Coexister est une association de jeunesse fondée en 2009 par Samuel Grzybowski, fils de Laurent Grzybowski, journaliste à la Vie et auteur-compositeur de musique chrétienne. Elle revendique 800 militants et 2 000 adhérents « qui œuvrent pour une instrumentalisation [sic !] positive de la diversité et une volonté absolue de vivre ensemble ». L’idée est de permettre à des personnes d’origines et de convictions différentes de se rencontrer pour apprendre à mieux se connaître et créer un réseau promouvant une laïcité ouverte où les religions auraient toute leur place. Vivre ensemble, expliquent-ils, ce n’est pas nier ou oublier son identité, c’est la faire découvrir à l’autre, et inversement. Le logo de l’organisation, reprenant le mot « coexister » où le c est représenté par un croissant musulman, le x, par une étoile de David et le t, par une croix chrétienne, est on ne peut plus clair. Une vision de la laïcité qui correspond en tout point à celle de l’Observatoire de la laïcité dirigé par Jean-Louis Bianco, et dont Coexister en est devenu le principal soutien, notamment au moment de la crise entre l’observatoire et Manuel Valls en janvier dernier.
A l’origine de Coexister, un story-telling impeccable, rappelé avec conviction et force sourires charismatiques par Samuel Grzybowski, 24 ans aujourd’hui, qui a laissé les rênes de l’association en octobre 2015 à Radia Bakkouch, étudiante à Sciences-Po et musulmane. Après des études à Notre-Dame-de-Sion, où il grandit parmi des élèves d’origines diverses, Samuel Grzybowski s’investit naturellement dans le militantisme chrétien pour le dialogue interreligieux. Jusqu’à ce rassemblement du 14 janvier 2009 pour protester contre l’importation du conflit israélo-palestinien en France. Il monte sur scène pour proposer « aux jeunes qui le souhaitent de [le] rejoindre pour que [ils] organis[ent] un don du sang. Faites couler le sang pour la paix et pas pour la guerre ».
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