Prix de la viande de bœuf : les éleveurs s'attaquent à Carrefour

La Fédération nationale bovine (FNB) a lancé ce mardi des actions de protestation contre le groupe de distribution Carrefour. Les éleveurs estiment que l’enseigne leur achète sa viande bovine à un prix trop bas, mettant en danger toute la filière.

Après le lait, la viande. La Fédération nationale bovine (FNB), branche spécialisée de la FNSEA regroupant des producteurs de viandes bovines, se lance à l’assaut du groupe Carrefour. Des éleveurs étaient ainsi réunis ce mardi 6 septembre à Barentin (Seine-Maritime) pour une action de blocage, accusant l’enseigne d’être « responsable de la dérégulation du marché » en achetant la viande à des prix toujours plus bas. « En deux ans, le prix au kilo a perdu 70 centimes. Pour nous c’est insoutenable, c’est une perte moyenne de 300 euros par animal commercialisé », explique pour Marianne Dominique Daul, vice président de la FNB et éleveur en Alsace.

Pour enrayer cette dynamique « mortifère pour toute la filière », Dominique Daul demande à ce que Carrefour s’inspire de Système U, qui « paie la moitié de son stock de viande au prix de production ». Un effort qu’il espère voir se généraliser chez les grandes enseignes par la signature d’une charte les engageant à s’aligner sur le prix de revient des éleveurs. « Système U ne représente que 8% du volume national. Désormais c’est au numéro 1, Carrefour, de montrer l’exemple ». Sans de tels engagements, alerte-t-il, c’est toute la profession d’éleveur qui est en danger : « Les banques acceptent de moins en moins de nous aider et nos réserves s’épuisent. Si les grands groupes acceptent de baisser leurs marges, nous pourrons survivre et eux pourront toujours se rattraper sur le volume ».

Victimes collatérales de la crise du lait

Autre facteur de difficultés pour les producteurs de viande bovine, le contrecoup de la crise du lait. Encouragés par la prime du gouvernement à ceux qui accepteront de réduire leur production laitière, dans le but de lutter contre la surproduction nationale, de nombreux producteurs reconvertissent en effet leurs vaches sur le marché de la viande, au détriment des éleveurs de races à viande. Un mécanisme dont pâtissent aussi les consommateurs, souligne le vice-président du FNB : « Carrefour, par exemple, profite de cette situation pour vendre de la viande de vaches laitières au même prix que celle de races à viande. Les consommateurs et les éleveurs sont floués, la marge pour l’enseigne explose et les éleveurs de races à viande sont sur le carreau ». Pour répondre à cette dérive, la FNB demande à ce qu’une identification claire des produits soit mise en place dans les points de vente.

Après cette première action, d’autres mobilisations sont prévues cette semaine. Dès ce mercredi, des magasins de Caen (Basse-Normandie), Lattes (Hérault) et un autre de la région bordelaise seront visés. « Il s’agit surtout, pour l’instant, de prendre les ronds-points et de sensibiliser les consommateurs sur les pratiques de leur magasin », détaille Patrice Faucon, en charge du mouvement de ce mardi. Et si Carrefour se montre sourd aux propositions, un bras de fer comparable à celui ayant opposé les producteurs de lait à Lactalis est envisagé.

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