Après avoir soutenu Nicolas Sarkozy puis dit pis que pendre de lui, Gérald Darmanin et Christian Estrosi se rallient finalement à l’ancien président de la République en vue de la primaire de la droite. Retour sur un vaudeville à rebondissements.
Ils l’aimaient. Puis l’ont vertement critiqué, lâché en rase campagne, ne lui laissant que ses yeux pour pleurer. In fine, les revoilà dans le sillage du panache blanc de Nicolas Sarkozy, de retour auprès de leur homme politique préféré. Eux, ce sont Christian Estrosi et Gérald Darmanin.
Pour l’ancien maire de Nice, il faut remonter aux régionales de la fin 2015, quand le héraut de « la résistance » Estrosi, pourtant fidèle de l’ex-président de la République, s’était mis à canarder à peu près tout ce qui ressemblait à du Sarkozy. Notamment dans un entretien accordé à Paris Match le 15 décembre 2015 avec cette improbable sortie : « Contrairement à [Sarkozy], je ne pense pas que nous, élus Républicains, devions tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN.« Et le tout frais patron de la région Paca d’en remettre une couche : « J’attendais de Nicolas Sarkozy un message d’unité et de rassemblement et des mots qui apaisent. » Quelques mois auparavant, Estrosi envisageait même de se présenter à la primaire de la droite, que Sarkozy soit candidat ou pas. Bref, entre Christian et Nicolas, le divorce semblait consommé.
Christian Estrosi, sans doute lassé par la résistance en Paca, décide de rentrer à la maison
Et voilà que ce dimanche, dans les colonnes du JDD, Christian Estrosi annule tout et annonce fièrement, à quelques jours de la déclaration de candidature de l’ancien président de la République : « Je choisis Sarkozy ». Un choix basé « sur une analyse du contexte et sur un projet que nous partageons » et sur le fait que Nicolas Sarkozy « est le meilleur » dans la lutte contre le terrorisme, contre le Front national et pour relancer l’économie. Face à tant de compétences, que peut apporter Christian Estrosi ? « Si je m’engage à ses côtés, c’est aussi pour être le garant de cette dimension sociale », explique l’élu. Estrosi en caution sociale de Nicolas Sarkozy, il suffisait d’y penser.
Du côté de Gérald Darmanin, historiquement proche de Xavier Bertrand et auto-proclamé gaulliste social, le rapprochement avec Nicolas Sarkozy date de 2014. Le jeune député du Nord qu’il est à l’époque devient porte-parole de l’ancien maire de Neuilly pour sa campagne à la présidence de l’UMP. Sans, pour autant, renier Xavier Bertrand. Jusqu’à ce jour de janvier 2016 où tout bascule : Gérald quitte la direction nationale des Républicains, et Nicolas avec. « J’ai été élu député quand il a perdu et maire quand il n’était pas président de ma famille politique. Je rends service mais je ne lui dois pas grand-chose », déclare alors l’infidèle à La Voix du Nord.
Bien sûr, il a eu des mots durs à son égard. Mais Gérald a été entendu par Nicolas, alors…
Dénonçant tour à tour une ligne politique « qui n’est pas tout à fait » la sienne, les nominations Guillaume Peltier, Guillaume Larrivé et Laurent Wauquiez au sein de l’appareil du parti ou encore le manque de « remise en question » de son ex-patron, Gérald Darmanin semble avoir tiré un trait sur Nicolas Sarkozy. Mais la vie est pleine de surprise, surtout en politique : dans un entretien au Figaro du 20 août, Gérald Darmanin explique pourquoi il a – finalement – choisi Nicolas Sarkozy. Malgré la douleur encore vive, ce dernier ne l’aurait pas oublié : « Il a entendu ce que je disais », veut croire le maire de Tourcoing. « Il faut marcher sur deux jambes. L’identité et la sécurité sont évidemment des questions essentielles, et le contexte dramatique dans lequel nous vivons nous le rappelle, mais la droite doit aussi être sociale, de proximité et répondre aux aspirations populaires ».
Ainsi donc, Nicolas aurait entendu Gérald, et Nicolas aurait changé. Si l’on ajoute à cela la présence d’un troisième acteur caché dans le placard, le retour de Gérald Darmanin en Sarkozie devenait une évidence : « La présence de François Baroin a achevé de me convaincre », admet le vice-président du Conseil régional des Hauts-de-France. En plus, explique Gérald Darmanin, « ce qu’il y a de bien avec Nicolas Sarkozy, c’est qu’il n’est pas susceptible ». À se demander pourquoi Christian et Gérald ont bien pu s’éloigner un jour de celui qui, au fond, a toujours été leur favori.
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