Après l'échec de sa demande de libération conditionnelle, Jacqueline Sauvage fait finalement appel

Jacqueline Sauvage, la femme qui avait abattu son mari en 2012 après 47 ans de violences conjugales, restera en prison. Sa demande de libération conditionnelle a été refusée ce 12 août. Et ce malgré une « grâce partielle » obtenue de la main de François Hollande en janvier dernier. Après avoir décidé de ne pas faire appel, elle a finalement déposé une nouvelle demande le 19 août.

>> Cet article a été publié une première fois le 12 août et mis à jour le 21 août avec la procédure d’appel déposée par Jacqueline Sauvage.

Malgré une « grâce partielle » obtenue de François Hollande, Jacqueline Sauvage restera en prison. Sa demande de libération conditionnelle a été refusée ce vendredi 12 août par le tribunal d’application des peines. Ce dernier estime que Jacqueline Sauvage doit poursuivre sa réflexion sur son passage à l’acte, selon un journaliste d’Europe 1. Par ailleurs, le lieu qui a été proposé pour que la sexagénaire vive avec un bracelet électronique, n’a pas été jugé adapté par les juges. Trop proche de l’endroit où elle a tué son époux. On peut lire dans la décision :

« Il doit être également souligné que l’importante médiatisation de son affaire rend difficile une authentique démarche de réflexion pour Madame Sauvage qui est encouragée à se cantonner dans un positionnement exclusif de victime, sans remettre en question son fonctionnement psychique personnel et sans s’interroger sur sa part de responsabilité dans le fonctionnement pathologique de son couple. (…)

La notion d’interdit n’apparaît pas encore vraiment intégrée par Madame Sauvage. Le sens de la peine lui échappe et elle a été confortée dans cette position par les soutiens dont elle a bénéficié, l’évolution très rapide de sa situation pénale et la médiatisation de son affaire. »

La commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, où siègent notamment le préfet du département et un bâtonnier, avait également récemment émis un « avis défavorable » à cette libération. Le parquet qui s’était positionné en sa faveur « va faire appel », a précisé la procureure de Melun.

Le 31 janvier, le président de la République avait annoncé sa « grâce partielle ». Moyen de ne pas avoir à se prononcer sur la « légitime défense », ni de décider du sort de Sauvage à la place des juges. En théorie, la décision de François Hollande permettait ainsi aux avocats de Jacqueline Sauvage de réclamer sa libération conditionnelle auprès du juge d’application des peines sans avoir à attendre qu’elle ait effectuée la moitié de sa peine. Après cette annonce, tout le monde avait jugé comme acquis la libération de Sauvage. Mais même avec ce grand coup de pouce présidentiel, les juges en ont décidé autrement. 

Débat autour de la légitime défense

Le 10 septembre 2012, alors que son mari lui ordonne d’aller « faire la soupe » à grand coups de poing et de pieds, Jacqueline Sauvage se dirige vers la chambre et revient avec un fusil. « J’ai chargé, expliquera-t-elle devant les juges. Lui, qui la battait régulièrement depuis 47 ans, descendu « sur la terrasse, était assis de dos. Je me suis approchée, j’ai tiré, tiré, tiré, en fermant les yeux. » A 19h27, elle appelle les pompiers, totalement déboussolée et leur explique qu’elle vient de tuer son mari. Le même jour, alors qu’elle débute sa garde à vue, elle apprendra que son fils, Pascal Marot, s’est pendu la veille.

Les témoignages de ses filles dresseront le portrait d’une femme martyrisée par un mari violent et alcoolique, qui l’aura envoyée aux moins à quatre reprises aux urgences entre 2007 et 2012. « Il avait toujours été méchant avec elle et les enfants, il traumatisait tout le monde. Il l’avait souvent menacée de la tuer ainsi que les enfants », pouvait-on lire également dans l’ordonnance de mise en accusation rendue par le juge d’instruction en août 2013.

Son histoire avait suscité un grand débat dans l’opinion sur « la légitime défense ». Des responsables politiques de droite comme de gauche lui avaient même expressément apporté leur soutien à l’image de Valérie Pécresse ou Anne Hidalgo. Une pétition lancée sur Change.org en faveur d’une grâce présidentielle avait même dépassé les 430.000 signatures.

[Edit 21 août] Par la voix de ses avocates, Jacqueline Sauvage a fait savoir le 18 août qu’elle renonçait à faire appel de cette décision. Elle est « épuisée de l’acharnement judiciaire à son encontre« , précisaient-elles. Pourtant, dès le lendemain, la sexagénaire s’est bel et bien décidée à faire appel pour obtenir une libération conditionnelle avec port d’un bracelet électronique. Selon les informations d’Europe 1, une demande a été faite en ce sens le 19 août, avant la date butoire qui était fixée au 22.

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