Syrie : la photo du petit Omran à Alep, symbole d'une guerre complexe

Mardi 16 août, des avions ont bombardé un quartier d’Alep. Parmi les blessés, un petit garçon de cinq ans, Omran, qui a survécu. Sa photo a fait le tour du monde et a rappelé aux consciences le sort de ces Syriens pris dans le tourbillon de la guerre civile. Une guerre complexe qui échappe à toute logique binaire.

Du haut de ses 5 ans, le petit Omran pourrait bien devenir le symbole de l’atrocité de cette guerre qui se joue en Syrie. Sagement assis sur le siège arrière d’une ambulance, la moitié de son visage ensanglanté, les yeux fixant le vide, Omran ne semble pas effrayé. Pourtant, ce mardi 16 août, le petit homme vient de survivre à des frappes aériennes qui ont touché Alep, dans le nord de la Syrie. Sa photographie, tweeté par le journaliste du Telegraph Raf Sanchez, a fait le tour des réseaux sociaux.

Bilan de cette terrible journée: au moins 19 civils, dont trois enfants, ont été tués dans des frappes aériennes intenses sur deux quartiers du secteur rebelle d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « Ces frappes, qui ont visé les quartiers de Sakhour et Tariq al-Bab, ont fait également des dizaines de blessés dont certains se trouvent dans un état grave », a précisé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. Pour le moment, impossible de savoir qui de Bachar al-Assad ou de Vladimir Poutine, alliés dans cette guerre contre les groupes qualifiés de « rebelles » – est responsable de ces frappes.

Doctor in #Aleppo just sent this photo of a dazed child who survived an airstrike pic.twitter.com/IHLDc6KPh8

— Raf Sanchez (@rafsanchez) 17 août 2016

Comme en septembre 2015, avec la photographie du corps échoué sur la plage de Bodrum en Turquie du petit Alan Kurdin, qui avait interpellé le monde sur la situation des réfugiés, relançant le débat sur l’accueil des migrants, la photographie de Omran peut réveiller les consciences sur le sort des Syriens pris dans le tourbillon de la guerre en Syrie. Ou plutôt des guerres en Syrie.

L’autre guerre de Syrie

Car à Alep, ce n’est pas la guerre contre les combattants d’Abou Bakr al-Baghdadi, le « Calife » auto-proclamé de l’Etat islamique, qui se déroule. Ses hommes y sont absents. C’est une autre guerre, moins médiatique celle-là, que se livrent les forces du régime de Bachar al-Assad, soutenues par l’aviation russe, et les différentes factions de rebelles. A Alep, depuis le 6 août, la ville est ainsi divisée en deux, avec à l’ouest l’armée syrienne loyale à Assad et à l’est, les forces de la rébellion. On y retrouve des combattants de l’Armée syrienne libre, ou ce qu’il en reste, mais surtout, les mouvements islamistes dont l’ex-Front al Nosra rebaptisé Front Fatah al-Cham, très représenté, ou encore le groupe salafiste Ahrar al-Cham.

Le petit Omran est donc symbole de cette autre guerre, cette guerre civile déclenchée il y a cinq ans, passée au second plan depuis l’ascension fulgurante de Daech. Le journaliste Raf Sanchez a précisé que les activistes syriens considéraient que le petit garçon allait devenir leur représentation aux yeux du monde.

Syrian activists are sharing this photo, saying Omran from #Aleppo has become their representative to the world pic.twitter.com/ygC8DKwieA

— Raf Sanchez (@rafsanchez) 18 août 2016

Aussi terrible que soit cette image, elle ne peut faire oublier la réalité du terrain. Une réalité complexe. Car si les méthodes d’Assad, dans ses prisons ou sur le champ de bataille, sont évidemment atroces – les récits et les preuves ne manquent pas – celles de certains de ses opposants, englobés sous le vocable « rebelles », le sont tout autant. 

Ainsi, à la mi-juillet, une vidéo insoutenable passée sous les radars médiatiques était postée sur internet. Celle de la décapitation d’un enfant de douze ans à peine, par des hommes d’un de ses groupes « rebelles », ceux du mouvement Nour al-Din al-Zenki, groupe un temps appuyé logistiquement et militairement pas les Etats-Unis, qualifié d’islamiste « modéré » par certains chercheurs. Début avril, le groupe Jaysh al-Islam, lui, avaient utilisé des armes chimiques dans des combats contre des Kurdes YPG pour le contrôle de Sheik Maksoud, un quartier au nord d’Alep.

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