Un Marocain de 37 ans a poignardé ce mardi 19 juillet une femme et ses trois filles dans un village de vacances des Hautes-Alpes. Si les causes de son geste restent très floues, l’emballement autour de ce drame illustre la grande tension qui règne dans le pays.
Comment un fait divers, dans la France traumatisée par l’attentat au camion de Nice, peut prendre en moins d’une heure les allures du premier acte de la guerre civile ? Il faut d’abord que tous les ingrédients soient réunis et là, pas un ne manque.
Le cadre, d’abord, un Village vacances famille (VFF) dans une commune des Hautes-Alpes, Garde-Colombe. En clair, le dernier endroit où l’on s’attend à être rattrapé par cette haine qui monte à l’égard de la France et des Français, alimentée chaque jour qui passe par la propagande de Daech.
Les acteurs, ensuite. Deux familles voisines. Dans l’une des maisons, une femme et ses trois filles, âgées de 8, 10 et 13 ans. Dans celle d’en face, un ressortissant marocain installé dans les Yvelines, en vacances avec sa femme, enceinte, et leurs deux enfants. D’un côté, l’insouciance de l’adolescence et les tenues légères de l’été (détail important pour comprendre la suite de l’histoire) ; de l’autre, un père rigoriste dont la compagne porte le hijab.
La période, enfin : un été en état d’urgence, la peur qui monte de voir l’ennemi intérieur nous sauter à la gorge et les pyromanes qui en rajoutent, dans la roue de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, pour nous faire croire que la commission parlementaire sur les attentats du 13 novembre a validé le fait que les terroristes avaient pris la peine de torturer leurs victimes et de leur infliger divers horribles sévices ; pure invention destinée à mettre de l’huile sur le feu et dont ceux qui veulent y croire font leurs choux gras.
C’est dans ce contexte que l’on apprend que le vacancier marocain, âgé de 37 ans, a fait irruption chez ses voisines à l’heure du petit déjeuner, ce mardi 19 juillet 2016 à 9h30, avec à la main un couteau doté d’une lame de 8 à 10 cm. Qu’il s’est précipité sur elles pour les poignarder l’une après l’autre, nécessitant l’évacuation de la plus petite par hélicoptère. L’homme ne dit rien mais la rumeur flambe aussitôt : voilà plusieurs jours qu’il aurait reproché aux gamines leur tenue légère…
Premier acte de la guerre civile qui menace ? Cette lecture est tentante mais le procureur de Gap, Raphaël Balland, prend rapidement la peine de fournir quelques précisions qui semblent modifier la donne. L’homme qui s’est précipité sur la terrasse de voisins avec lesquels il s’entendait plutôt bien, avant de prendre la fuite, a été arrêté par deux réservistes de la gendarmerie à quelques kilomètres. L’expert psychiatre n’a décelé aucune pathologie psychiatrique particulière mais l’agresseur dit ne n’avoir « quasiment aucun souvenir » des faits. Et surtout, cette histoire de « tenue légère » n’aurait aucun fondement réel.
Ce qui aurait pu devenir le fait divers de l’été prend un autre relief quand la propre femme du vacancier marocain explique qu’il avait arrêté de prendre ses calmants, fait la veille un malaise et s’apprêtait à écourter les vacances familiales prématurément… « C’est un geste de dément, tranche le maire du village, arrivé sur les lieux peu après les faits. Ce monsieur a été pris d’un coup de folie ».
Le problème, par les temps qui courent, c’est que la frontière entre folie et terrorisme a perdu de l’épaisseur… La guerre civile n’a pas démarré à Garde-Colombe, donc, mais la panique guette.
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