De nombreuses personnalités politiques ont évidemment réagi ce vendredi matin à l’attentat qui a fait plus de 80 morts à Nice jeudi soir lors des célébrations du 14-Juillet. Si beaucoup ont exprimé leur émotion et leur soutien aux Niçois, certains à droite se sont livré à une escalade dans les accusations en responsabilité et/ou dans les idées plus ou moins crédibles pour lutter contre le terrorisme…
Le choc. Ce vendredi, au lendemain de l’attentat qui a coûté la vie à plus de 80 personnes lors des célébrations du 14-Juillet à Nice, la grande majorité de la classe politique veille à respecter le temps du deuil, exprimant son effroi, son émotion et son soutien aux Niçois. Mais certains responsables n’ont pas attendu la fin de la période de deuil pour se lancer dans un concours d’accusations et d’idées plus ou moins réfléchies. Et de Guaino à Raffarin, ce vendredi la droite est entre la mitre et la mitraillette…
Interrogé sur RTL, le député des Yvelines et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy a proposé une solution afin d’éviter une attaque similaire à celle de Nice, pour le moins radicale mais probablement pensée pour sonner comme frappée au coin du bon sens :
« On doit pouvoir stopper un camion qui ne répond pas aux sommations. On connaît ce mode opératoire, on en a parlé dans toutes les commissions d’enquête. Il suffit de mettre à l’entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquette et il arrêtera le camion. »
« Il suffit », donc. Henri Guaino nuance toutefois sa trouvaille, en expliquant qu’« il faut quand même se garder de penser, et je le dis à mes amis, qu’il existe une recette miracle pour qu’il n’y ait plus aucun attentat, plus aucune victime. »
L’ex-maire LR de Nice (désormais premier adjoint) et actuel président de la région Paca, présent sur la Promenade des Anglais au moment de l’attaque jeudi soir, n’a pas attendu pour pointer la responsabilité du pouvoir en place ce vendredi sur France Inter, tout en faisant mine de vouloir éviter toute polémique politicienne : « Si l’heure n’est pas à la polémique, je me pose bien sûr des questions. Pourquoi l’Etat a-t-il annoncé à midi la levée de l’état d’urgence et décidé le soir qu’il faut le prolonger de trois mois ? Tout ça me paraît bien désordonné… » Qu’importe si la réponse est dans la question et si, de fait, la levée de l’état d’urgence annoncée jeudi ne devait pas intervenir avant le 26 juillet.
Et Christian Estrosi de s’interroger également, sur BFMTV, sur les moyens déployés par la police nationale :
« Comment est-il possible, alors que la Promenade des Anglais était privatisée, que ce véhicule ait pu y accéder ? Combien de policiers nationaux étaient en poste ? Quels sont les moyens qui avaient été mis en oeuvre alors que notre pays est encore en état d’urgence, pour éviter cela ? Ce sont des questions que j’ai posées au ministre de l’Intérieur, sans avoir de réponse, puisque bien évidemment on me répond toujours : ‘Enquête’. »
Le candidat à la primaire de la droite, qui avait tenu à respecter l’union nationale au lendemain des précédentes attaques, s’est montré cette fois offensif dès ce vendredi matin. Interrogé par RTL sur les améliorations à porter pour éviter une nouvelle attaque, le maire de Bordeaux répond d’abord qu’il n’est pas « enquêteur ». Mais avance tout de même : « Si tous les moyens avaient été pris, le drame n’aurait pas eu lieu. Bien sûr qu’il faut faire plus, qu’il faut faire mieux. D’abord en ce qui concerne nos services de renseignement ». Des propos lourds contre les autorités, et qui pourraient s’avérer également lourds à porter pour lui si d’aventure, Alain Juppé venait à être élu président de la République et que la France était malgré cela touchée à nouveau par le terrorisme…
Juppé: « Si tous les moyens avaient été pris », l’attentat de Nice « n’aurait pas eu lieu » #AFP
— Guillaume Daudin (@GuillaumeDaudin) 15 juillet 2016
Le député LR des Alpes-Maritimes, lui aussi présent sur la Promenade des Anglais jeudi soir, a comme son camarade Estrosi critiqué sur France Info l’annonce de la levée de l’état d’urgence par François Hollande : « Nous devons être dans un état d’urgence permanent, tant que la menace est permanente. Il faut que les contrôles aux frontières soient maintenus. Nous sommes en guerre contre la barbarie islamiste, il faut utiliser les armes de la guerre pour obtenir une victoire. Il faut désormais changer de cadre. Les outils juridiques et conventionnels dont nous disposons aujourd’hui ne sont pas suffisants. »
Et Eric Ciotti de promouvoir une nouvelle fois sa proposition choc depuis l’an dernier : « La rétention administrative, dans des centres fermés pour ceux qui représentent une menace. On ne peut pas comprendre qu’il y ait des personnes qu’on sait dangereuses et qui restent en liberté. » Et ce, alors que selon les premiers éléments de l’enquête, l’auteur de l’attaque de Nice ne s’était pas fait remarquer pour des activités liées de près ou de loin à une radicalisation, ni encore moins au djihadisme.
Le maire de Béziers, élu avec l’appui du FN, n’y va pas par quatre chemins sur son compte Twitter, où il juxtapose dans une subtile suggestion de causalité l’annonce par François Hollande de la levée de l’état d’urgence (qui n’était pas effective jeudi soir) et l’attentat de Nice. CQFD. Sans oublier de mentionner le hashtag « NiceAttentatIslamiste », en l’absence à ce stade de toute revendication…
Hollande lève l’état d’urgence.
Le jour même 84 morts à Nice.#NiceAttentatIslamiste— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 15 juillet 2016
Comme son camarade Ménard, la présidente du Front national n’a même pas attendu que le terroriste soit identifié, ni que l’attaque soit éventuellement revendiquée, pour pointer sur Twitter le « fondamentalisme islamiste ». Suggérant en outre que la France n’a entrepris aucune action de lutte dans ce domaine.
A nouveau la France plongée dans l’horreur. Pensées pour les victimes. La lutte contre le fondamentalisme islamiste doit démarrer MLP #Nice
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 15 juillet 2016
Autre cadre du Front national, l’eurodéputé Bernard Monot s’est lâché sur Twitter, dénonçant l’impuissance des responsables politiques et ciblant au passage les « fellouzes »… En référence aux « Fellaghas », c’est-à-dire aux combattants tunisiens ou algériens de la lutte pour l’indépendance sous la colonisation française.
Marches, fleurs, bougies, com’ politique. STOP à l’impuissance ! Des actes contre les #fellouzes en France ! #NiceAttentat
— Bernard Monot (@Bernard_Monot) 15 juillet 2016
Plutôt que de proposer n’importe quoi, le sénateur et ex-Premier ministre a préféré ce vendredi matin s’en remettre aux Cieux, citant un extrait du « Notre Père ». Si les politiques s’en remettent à Dieux pour résoudre la crise terroriste…
« Délivre nous du mal »
— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) 15 juillet 2016
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