Alors que la France découvrait avec effroi l’attentat de Nice, France 2, pris dans une course au sensationnel, a diffusé dans la nuit des images du camion au cours de sa course meurtrière et surtout des réactions de survivants encore sous le choc, parfois filmés à côté d’un cadavre caché par un drap. Ce vendredi, France Télévisions a publié un communiqué d’excuses, tandis que le CSA a indiqué qu’il s’est « d’ores et déjà saisi des images et des comptes-rendus diffusés toute la nuit ».
C’est une édition spéciale qui ne passe pas. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la chaîne publique France 2 a interrompu ses programmes pour une couverture en direct de l’attentat qui venait de frapper la ville de Nice, faisant plus de 80 morts et des dizaines de blessés. Manifestement emportée par une course au sensationnel, la chaîne du service public a diffusé plusieurs vidéos du camion lancé dans sa course meurtrière contre la foule réunie sur la promenade des Anglais pour assister au traditionnel feu d’artifice du 14-Juillet. Arrivées rapidement sur les lieux, les caméras de France 2 ont aussi recueilli des témoignages de survivants, à chaud. Beaucoup trop à chaud, comme celui d’un homme au côté du corps sans vie de sa femme qu’il n’avait pas réussi à réanimer.
Un traitement de l’information qui a fait réagir téléspectateurs et journalistes.
France 2 en roue libre totale ce soir #Nice pic.twitter.com/75kOOSbOqr
— David Perrotin (@davidperrotin) 15 juillet 2016
L’hébétude dure. Et une colère sourde monte, plusieurs heures après avoir suivi, comme hypnotisé, le putassier direct de @France2tv #Nice06
— eric fallourd (@eric_fallourd) 15 juillet 2016
On parle de la vidéo du camion qui fonce dans la foule que votre chaîne, France 2, vient de diffuser ou pas ? #Nice https://t.co/02ps96wptR
— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) 14 juillet 2016
Face à l’ampleur de la polémique, ce vendredi matin, le direction de France Télévisions a publié un communiqué d’excuses :
« Au cours de la nuit du 14 au 15 juillet, l’édition spéciale de France 2 consacrée aux événements dramatiques de Nice a diffusé un sujet montrant des témoignages et des images choquantes. Ces images brutales, qui n’ont pas été vérifiées selon les usages, ont suscité de vives réactions. Une erreur de jugement a été commise en raison de ces circonstances particulières. La diffusion de ce type d’images ne correspond pas à la conception de l’information des journalistes des équipes et de l’entreprise. France Télévisions tient à présenter ses excuses. »
Édition spéciale sur l’attentat de #Nice : France Télévisions présente ses excuses. https://t.co/AUOQUKmUiR
— France 2 (@France2tv) 15 juillet 2016
Quelques minutes plus tard, le CSA a lui aussi publié un communiqué intitulé « Attentat de Nice : appel à la prudence », dans lequel il apelle « les télévisions et les radios à la prudence et à la retenue, protectrices de la dignité humaine et de la douleur des personnes, tout au long des reportages sur le terrible attentat dont notre pays a été victime hier soir » et indique qu’il s’est « d’ores et déjà saisi des images et des comptes-rendus diffusés toute la nuit. ».
Ce n’est pas la première fois que des médias, emportés par la course à l’info, sont pointées du doigt dans de telles circontances. On se souvient que lors des attentats de janvier 2015, plusieurs chaînes d’info en continu et de sites d’information avaient ainsi été vivement critiqués. Lors de l’opération à Dammartin-en-Goële contre les frères Kouachi, la Gendarmerie nationale avait même du rappeler à l’ordre les journalistes sur son compte Twitter. Depuis, BFMTV et iTélé semblent avoir appris de leurs erreurs. France télévisions, qui s’apprête à lancer sa chaîne d’informations à la rentrée, va devoir se mettre au diapason…
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments