Après huit ans de procédure, la justice échoue à juger Julien Coupat pour des faits de terrorisme. Longtemps présenté par les autorités comme une dangereuse cellule révolutionnaire, le groupe de Tarnac n’aura à répondre finalement que de faits de sabotage. Retour sur un fiasco judiciaire.
Au bout de huit années de procédure, la cour d’appel de Paris a finalement rejeté la demande du parquet, qui entendait expédier Julien Coupat, Yldune Lévy et leurs complices présumés devant le tribunal correctionnel pour « association de malfaiteurs liée à une entreprise terroriste ». Les membres du groupe dit « de Tarnac » devront cependant répondre des faits, le sabotage des câbles d’alimentation d’une ligne TGV, en 2008, à Dhuisy, en Seine-et-Marne. Le temps de reconstruire une procédure sans la dimension terroriste, Julien Coupat et ses camarades attendront encore de longs mois avant de comparaître devant le tribunal. Et plus longtemps encore si le parquet allonge les délais en saisissant la Cour de cassation.
Or, le dossier se réduit à peu de chose s’il est amputé de tout ce qui permet de juger Julien Coupat comme le chef présumé d’une organisation terroriste. Car, après avoir constaté plusieurs sabotages sur des lignes SNCF, la cellule antiterroriste du ministère de l’Intérieur a entrepris de prendre en filature le couple formé par Julien Coupat et Yldune Lévy. Le profil établi par ce qui était encore le service des renseignements généraux faisait de Julien Coupat le maître à penser de l’ultragauche. Des écoutes téléphoniques, illégales et donc inutilisables en justice, laissaient prévoir un nouveau sabotage.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, les policiers de Rueil-Malmaison suivent donc la Mercedes 250 de Julien Coupat, qui les mène jusqu’à Dhuisy. Mais, alors qu’il y a bien un sabotage à cet endroit, les policiers suiveurs ne parviennent pas à prendre un quelconque groupe en flagrant délit. Ils sont une vingtaine et tout ce qu’ils établissent, c’est la présence de la voiture de Coupat. La ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, veut des résultats. L’identification de la voiture suffit à déclencher un vaste coup de filet. Les jeunes gens qui fréquentent le village de Tarnac, en Corrèze, sont suspects. Sorti de l’Essec, Julien Coupat s’établit à Tarnac avec Yldune Lévy, qui interrompt ses études d’archéologie. Coupat ne fait pas mystère de son engagement révolutionnaire, il a dirigé en 1999 une revue éphémère, Tiqqun, lointaine descendante du situationnisme. Ce n’est ni le premier ni le dernier brûlot lancé en France par un groupe d’étudiants et, au moment des sabotages de lignes TGV, il y a neuf ans que Tiqqun ne paraît plus… Le groupe cependant se réunit toujours à Tarnac, et les RG les surveillent. La police ne sait pas grand-chose des objectifs et des discussions du groupe. Mais les services gardent le souvenir d’un échec cuisant : le groupe Action directe s’était lui aussi réfugié dans une ferme et il a pu commettre trois assassinats en plein Paris avant d’être mis hors d’état de nuire. Il ne faut pas répéter avec Julien Coupat et Yldune Lévy les erreurs qui ont permis à Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon de passer au crime de sang…
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