Alors que Nicolas Hulot et Noël Mamère ont annoncé qu’ils ne concourraient pas à l’élection présidentielle, Cécile Duflot a le champ libre. Et en profite. Dans un long courriel adressé à ses camarades écologistes, elle annonce sa candidature tout en prévenant qu’elle refusera de se soumettre à l’exercice de la primaire, cette « mécanique infernale ».
Couvrez cette primaire que je ne saurais voir ! Après les défections successives de Nicolas Hulot et de Noël Mamère, Cécile Duflot sait que l’horizon vers 2017 est presque dégagé pour elle. Mis à part le député européen Yannick Jadot, qui bénéficie d’une certaine aura chez les militants écologistes et dans l’opinion, plus grand chose ne fait obstacle à sa candidature à l’élection présidentielle. Avec son passage au ministère du Logement, elle a pu se façonner une stature de femme d’Etat et elle sait pouvoir compter sur son ami David Cormand, confirmé le 11 juin dernier à la tête d’EELV, pour la soutenir en interne.
Dans un long message envoyé à ses camarades et dévoilé par Europe 1, Cécile Duflot pose les bases de sa future candidature. Et en profite pour régler ses comptes et imposer ses conditions. Une missive dans laquelle le parti en prend sérieusement pour son grade, l’ancienne ministre dézinguant sa formation et ses petits camarades sans ambages : « Il se trouve néanmoins que je suis à un moment de vérité à l’égard de ce collectif auquel je tiens mais dont parfois l’intégration de contraintes infinies et l’incapacité à gérer ses propres contradictions au mieux le paralyse au pire le ridiculise ». Plus loin, elle note qu' »il y a 5, 10 et 15 ans, nous avions déjà à cette date désigné un/e candidate » alors que « là, le parti n’a même pas commencé d’étudier le sujet » et que « ces derniers mois nombre d’initiatives prises par tel ou telle y compris sur la présidentielle qui n’ont pas suscité débat. Je me suis donc interrogée sur le fait de bénéficier d’un traitement spécifique ». Des critiques comme pour mieux se dégager du bourbier écologiste.
« Je refuserai d’être le pushing-ball d’une nouvelle mécanique infernale »Elle n’en fait plus mystère : sa candidature – « J’ai réfléchi et travaillé (…) depuis un an, sans en faire mystère, je me suis préparée » – passera au-dessus de son propre parti : « J’ai également dit que je ne pensais pas qu’il était une bonne idée qu’EELV ‘désigne’ un candidat mais plutôt qu’il soutienne une candidature qui dépasse notre cadre de parti ». Ironie ou cynisme de la vie politique, elle qui s’était violemment payée le cavalier solitaire Jean-Luc Mélenchon il y a quelques mois, scellant leur rupture après une période de rapprochement, reprend ici la stratégie du candidat de la France insoumise.
Cécile Duflot pousse même le mimétisme encore plus loin en rejettant tout net l’idée de participer à une primaire pour départager celui ou celle qui portera la canditature d’EELV en 2017. « Une primaire pousse les candidats à dire du mal des autres et encore davantage les candidats les moins connus à taper sur les plus connus pour – notamment – que leur nom figure dans le journal. Je crois que cet exercice abîme tout le monde et tout particulièrement le/la candidat/e qui est finalement désigné/e et qu’ainsi il ou elle commence sa campagne dans les plus mauvaises conditions. » Elle écrit ainsi qu’elle refuse « d’être le pushing-ball d‘une nouvelle mécanique infernale – j’ai bien noté qu’il y avait déjà 5 autres candidats potentiels… » Et d’ajouter : »Tout comme je ne serai pas candidate contre le parti. »
Traduction : « Soit le parti se met en ordre de marche derrière moi, soit je vous laisse tomber ». Ses petits camarades accepteront-ils de se plier à cette injonction ? Réponse, ce week-end, EELV réunissant son Conseil fédéral à Nantes pour définir une nouvelle stratégie… avec ou sans Duflot.
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