Nicolas Sarkozy : le sacre avant la campagne

Primaire, jour 1, ou presque. En faisant voter le programme commun de son parti ce samedi 2 juillet, Nicolas Sarkozy a officiellement lancé la compétition, et lâché des coups qu’il retenait depuis si longtemps…

Nicolas Sarkozy peut partir en vacances l’esprit libre : tout, depuis ce samedi de juillet, indique que le parti qu’il préside depuis novembre 2015, est désormais taillé pour la primaire. Pour sa primaire. En réunissant 1.500 conseillers nationaux, l’ancien chef de l’Etat souhaitait frapper un grand coup en ce début d’été : le projet sur lequel travaille Eric Woerth depuis plusieurs mois a enfin été voté. Avec Luc Chatel et Laurent Wauquiez, l’ancien chef de l’Etat sait qu’il donnera les clés du parti à un duo de confiance une fois sa candidature lancée.

« Nous n’aurons pas d’états d’âme », avait prévenu ce matin l’équipe du président des Républicains lorsqu’on les interrogeait sur les atermoiements des adversaires de Sarkozy, Juppé en tête : viendra, viendra pas ? Parlera, parlera pas ? Finalement, l’ancien Premier ministre sera venu, dans la matinée, sans prendre la parole en tribune. Et effectivement, Nicolas Sarkozy n’aura aucun « état d’âme » lorsqu’il s’agit de remettre à leur place ceux qui ont daigné sécher son sacre. Aux Juppé, NKM et Bruno Le Maire (qui n’est même pas venu dans la matinée) qui « préfèrent être sur le trottoir à parler aux journalistes », Nicolas Sarkozy lance : « Quand on a des choses à dire, c’est à l’intérieur qu’on les dit ! » Hourras d’admiration, applaudissements tonitruants : la tonalité de la primaire est donnée. Sarkozy donnera dans l’intimidation à l’égard de ses adversaires. « Il lui fallait dire des choses qu’il ne pouvait pas dire jusqu’à maintenant« , reconnaît un proche de l’ancien chef de l’Etat.

Quelques heures plus tôt, Nicolas Sarkozy avait déjà montré des signes d’agacement en apercevant le porte-parole d’Alain Juppé discuter au fond de la salle avec une dizaine de journalistes (dont Marianne était). Pendant plusieurs minutes, le président du parti a fixé le petit groupe, jusqu’à ce que le Monsieur Loyal de la journée, Luc Chatel, enjoigne publiquement le député juppéiste à sortir de la salle. Les bras croisés et le menton haut, Nicolas Sarkozy savoure. 

Tous réunis pour voter un programme, force est de reconnaître que le programme, ici, n’a en fait que valeur de prétexte. Tous les adversaires de Nicolas Sarkozy ont prévenu : personne ne s’obligera à l’appliquer une fois désigné à l’issue de la primaire. François Fillon lui-même, en tribune, avait annoncé la couleur: « Chacun puisera ou non son inspiration dans ce document, c’est la règle des primaires, et c’est la règle de la Ve République qui confère au candidat le devoir d’être au-dessus des partis. » NKM est plus claire : « Comme tous les candidats, je ne l’appliquerai pas. » Et même au sein de l’équipe du président des Républicains, certains reconnaissent que le candidat Sarkozy devrait aller encore plus loin que ce qui est déjà annoncé : « Il ne souhaite pas faire des mesurettes. Les conventions programmatiques ont été faites dans l’objectif de ne rien dire. On reste sur une base minime de chez minime.« 

En guise d’apéritif, c’est Laurent Wauquiez qui aura donné aux cadres des Républicains un avant-goût de la primaire version Sarkozy : à base de « préférence locale » (« le mot de préférence n’est pas un gros mot« ), de défense de « l’assimilation », et d’attaques contre « ces étrangers qui profitent des aides sociales sans jamais cotiser ». Tout, dans le discours du président de la région Rhône-Alpes, était d’inspiration « Le Peno-zemmourienne ». Avec ces saillies identitaires, le secrétaire général du parti signe le discours le plus à droite et le plus applaudi de la journée. Nicolas Sarkozy le voit bien et a prévenu que l’actuel secrétaire général du parti, qui prendra la présidence du parti une fois lui-même candidat, tiendra bonne place dans sa campagne. 

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