Tirant les conséquences du Brexit, Jean-Pierre Chevènement appelle dans les colonnes de « Marianne » à « construire une autre Europe en phase avec les besoins et les aspirations des peuples ». Extraits.
Le Brexit n’a pas seulement révélé, comme l’éclair illumine un paysage nocturne, les fragilités de la construction européenne, il a sonné comme un retentissant et cuisant désaveu à l’égard des institutions de Bruxelles. (…)
L’Europe était le grand projet conçu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, principalement par la France et l’Allemagne. Tant qu’elle était restée pour l’essentiel un marché commun, avec une politique agricole commune, fruit de l’entente entre de Gaulle et Adenauer, les choses paraissaient marcher de façon satisfaisante. Mais n’était-elle que cela ? Ne comportait-elle pas dès l’origine un «projet caché» auquel on ne parviendrait qu’à pas de loup, par une série de faits accomplis qui créeraient l’irréversible ?
Dans l’esprit de son principal inspirateur – Jean Monnet -, l’Europe n’était pas qu’un marché : c’était en fait un projet hautement politique qui consistait à mettre sur pied une entité supranationale qu’on appellerait, de manière d’ailleurs trompeuse, «Etats-Unis d’Europe», car d’emblée cette entité s’était dépouillée du soin d’assurer sa défense au profit des vrais Etats-Unis qui sont d’Amérique.
L’Europe de Jean Monnet et de Jacques Delors avait pour ambition affichée de transformer la Commission européenne en gouvernement européen, responsable devant deux chambres dont l’une serait le pseudo-Parlement européen et l’autre, le Conseil des Etats, une sorte de Sénat, ultime avatar dégénéré du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement.
C’est ce projet qui a été rejeté. Il faut maintenant construire une autre Europe en phase avec les besoins et les aspirations des peuples et capable de répondre aux défis qui se lèvent à l’horizon.
Comment sauver l’idée européenne d’un naufrage programmé ? La réponse est simple : en la refondant dans la démocratie telle qu’elle vit dans les nations, là où existe un sentiment d’appartenance assez fort pour que la minorité accepte la loi de la majorité.
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>>> Retrouvez la tribune de Jean-Pierre Chevènement en intégralité dans le numéro de Marianne en kiosques.
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