Les Britanniques se prononcent ce jeudi 23 juin sur l’avenir du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Quel que soit le résultat, une bonne nouvelle déjà : c’est le terme d’une campagne marquée par la violence, des paroles d’abord, jusqu’à un drame la semaine dernière. Dans la dernière ligne droite, les sondages ont placé les deux camps au coude-à-coude. Les résultats seront connus ce vendredi.
D-Day. Enfin, le peuple britannique se rend aux urnes ce jeudi 23 juin pour décider du maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Entre relents xénophobes et schisme brutal du parti conservateur au pouvoir, jusqu’à l’assassinat la semaine dernière de la députée travailliste Jo Cox, il était temps que les affrontements entre anti et pro-« Brexit » (la sortie du Royaume-Uni de l’UE) prennent fin. Côté sondages, le meurtre de Jo Cox a coïncidé avec un renversement : alors que le Brexit était donné gagnant plusieurs semaines durant, les deux camps sont aujourd’hui au coude-à-coude.
Ci-dessous, l’évolution des sondages au fil des semaines et les premiers résultats ce 24 juin :
Avant la violence, la genèse du scrutin répondait à une réelle préoccupation politique. Menacé, à deux ans des élections générales, par la frange eurocritique toujours plus puissante au sein de son parti, le Premier ministre David Cameron a promis en 2013 d’organiser un référendum sur la sortie de son pays de l’Union européenne. Réélu, il tient promesse et organise les conditions du vote : les Britanniques se voient donc proposer de quitter ou non le projet politique européen auquel leurs aînés ont adhéré le 1er janvier 1973. Paradoxe originel de cette campagne : son instigateur a pris la tête du camp du maintien.
A chaque grand débat national, ses querelles intestines. Le Parti conservateur s’est particulièrement divisé lors de cette campagne, notamment depuis le ralliement de l’ex-maire conservateur de Londres Boris Johnson au camp pro-Brexit, dont il a pris naturellement la tête. Une rupture qui a même gagné le gouvernement : le ministre de la Justice Michael Gove a lui aussi annoncé sa préférence pour le Brexit, contredisant le Premier ministre. Côté travailliste, la quasi-totalité des parlementaires du Labour ont pris fait et cause pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Mais leur leader au Palais de Westminster, Jeremy Corbyn, a brouillé les cartes en soutenant à demi-mot le maintien.
Un plébiscite sur la question migratoireAu-delà de la fragmentation politique qu’a engendré la campagne, ces derniers mois ont été marqués par la libération de propos violents, voire xénophobes. Les membres les plus conservateurs du camp pro-Brexit ont en effet placé l’immigration comme enjeu principal du scrutin. Avec une rhétorique simple : en sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni reprendrait le contrôle de ses frontières. Un message qui a fait mouche chez nombre de Britanniques, principalement hors des zones urbaines. A son tour, David Cameron a investi le terrain de ses adversaires en expliquant au contraire qu’en cas de Brexit, « des milliers de migrants (pourraient) traverser la Manche en une nuit pour venir demander asile dans le Kent » … Conclusion des courses, le Guardian, qui s’est déclaré en faveur du maintien, titre ce jeudi sur « la campagne politique la plus amère de mémoire d’homme ».
A la violence des mots, s’est agrégé le pire. La députée travailliste Jo Cox, fortement impliquée pour le maintien du Royaume dans l’Union européenne, est morte assassinée la semaine dernière en pleine rue par un homme qui aurait alors crié, d’après un témoin : « La Grande-Bretagne d’abord ! » Inculpé, le meurtrier présumé a réitéré devant le juge : « Mort aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne ! » Un drame qui a coïncidé avec – et semble-t-il, favorisé – une forte progression du « Remain » (maintien) dans les enquêtes d’opinion, au coude-à-coude avec le « Leave » (Brexit)… Réponse finale ce vendredi.
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