Le sociologue Jean-Pierre Le Goff, auteur de « Malaise dans la démocratie », analyse les origines et les conséquences des violences dans notre société. Un entretien à retrouver dans « Marianne » en kiosques cette semaine et dont voici un extrait.
Marianne : Assiste-t-on actuellement en France à un délitement démocratique ?
Jean-Pierre Le Goff : Vous avez raison d’employer le mot « délitement » pour décrire cette situation. Certaines limites, jusqu’ici intériorisées, qui n’excluent pas les contradictions et les conflits, sont transgressées par des incivilités et des violences dans une logique de replis corporatistes et de passages à l’acte qui font fi de la collectivité. (…) Les casseurs « autonomes » par exemple, [qui se sont illustrés à Paris lors des différentes manifestations contre la loi Travail, ndlr] juxtaposent des bribes d’anarchisme, de situationnisme, « d’antifa » et des revendications écologiques radicales, portées par des individus déculturés dans une optique qui vise avant tout « à casser du flic ».
Des individus désocialisés ?
Jean-Pierre Le Goff : Pas forcément désocialisés au sens sociologique du terme, mais historiquement déculturés. (…) Des slogans comme « Tout le monde déteste la police« , « Nique les CRS« , « Ne travaillez jamais… » traduisent une décomposition. Cela me fait penser à une bande dessinée de Bilal, La Foire aux immortels, où un astronaute, après trente ans d’absence, atterrit dans un Paris qu’il ne reconnaît pas, avec des slogans et des tracts dont le langage destructuré a un écho lointain avec les slogans du passé : « A bas il fascistique« , « A bas il fascistique !« , « Résistance populière« …
Est-ce une insurrection libertaire ?
On est loin du courant anarchiste traditionnel et du Grand Soir de la grève générale. C’est une mise en scène paroxystique, ici et maintenant, d’un grand refus qui débouche sur un défoulement destructeur.
Pourquoi l’Etat peine-t-il à riposter ?
Jean-Pierre Le Goff : On l’oublie, mais les casseurs ont commencé à se manifester autour de Nuit Debout. Les organisateurs des sit-in de la Place de la République ont semblé réticents à les dénoncer clairement. Dans le même temps, l’Etat a montré hésitation et faiblesse. Cela ne pouvait qu’encourager la violence et la casse.
(…)
>>> Retrouvez l’intégralité de l’entretien et notre dossier sur les violences dans le numéro de Marianne en kiosque vendredi 24 juin.
Il sera également disponible au format numérique dès jeudi 23 juin en vous abonnant ou au numéro via et
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