L'annonce par Anne Hidalgo d'un camp pour migrants dans Paris divise la droite

Lors d’une conférence de presse mardi 31 mai, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé une mesure forte relative à l’accueil des réfugiés dans la capitale. Un camp humanitaire pour héberger les migrants doit ouvrir dans un délai d’un mois et demi au nord de Paris. Une annonce qui ne fait pas que des heureux à droite…

« Paris ne restera pas sans agir en responsabilité alors que la Méditerranée devient un cimetière pour les réfugiés« , a affirmé Anne Hidalgo lors d’une conférence de presse ce mardi 31 mai, annonçant l’ouverture d’un camp humanitaire pour les migrants au nord de la ville. Le lieu n’est pas encore déterminé mais « quelques centaines » de réfugiés pourront être accueillis dès cet été. 

Une annonce qui a logiquement fait réagir l’ensemble de la droite. Mais pas toujours dans le même sens. Pour Bruno Le Maire, candidat à la primaire de la droite et du centre, c’est « une initiative nécessaire« . Même s’il n’oublie pas, au passage, au micro de BFMTV et RMC, de tancer François Hollande sur son manque de « politique claire sur la question des réfugiés« .

L’actuel président de l’Association des maires de France, François Baroin l’a clairement assumé ce mardi sur Public Sénat :

« On a toujours dit à l’Association des maires de France que le devoir d’humanité doit gouverner tous les autres principes. C’est le devoir de la France et c’est l’honneur de la France. C’est aussi le respect des conventions européennes, d’être à côté des naufragés de la vie, des réfugiés qui ont fui ceux-là mêmes qui nous ont attaqués l’année dernière dans des attentats sanglants« .  

Quant à l’ancienne candidate à la mairie de Paris face à Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet, elle préfère dénoncer une instrumentalisation de la question de l’accueil des réfugiés : « On a l’impression que ça s’inscrit dans un jeu politique à l’intérieur de la gauche parce qu’en fait Anne Hidago prend cette initiative dans le dos du ministère de l’intérieur (…) et je trouve que la question des réfugiés c’est une question trop grave pour être instrumentalisée ». En juin 2015, elle dénonçait clairement l’initiative, parlant « d’un nouveau Sangatte à Paris » qui créerait « un centre de transit« , « un lieu de fixation » et donc « un appel d’air« . A cette époque, Anne Hidalgo avait en effet déjà proposé la création d’un centre de transit pour héberger temporairement les migrants. 

« Paris, capitale de l’immigration illégale »

Et puis il y a la droite dure. Eric Ciotti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes, juge que « l’annonce d’Anne Hidalgo, guidée par une idéologie dangereuse visant à faire de Paris la capitale de l’immigration illégale, apparaît comme une faute tragique » et risque de lancer « un appel d’air à l’immigration illégale« .  Pour lui, c’est tout simplement « l’inverse qu’il faut faire« . 

Au Front National, Wallerand de Saint-Just, conseiller régional d’Ile-de-France, s’est fendu d’un communiqué demandant « un référendum sur cette question aussi dramatique pour l’image et l’avenir de notre capitale« . Il y fustige ce « camp de réfugiés » qui n’a pas « sa place à Paris » ni « en France« . « Installer ces camps dans des pays comme la France est une incitation à une immigration économique et pérenne que les 10 millions de français pauvres ne peuvent plus accepter« , estime-t-il.

Un camp sur le modèle de Grande-Synthe

Anne Hidalgo souhaite que ce camp s’inspire « de ce qui a été fait à Grande-Synthe » dans le Nord. Ce site a été ouvert le 7 mars dernier à l’initiative du maire écolo, avec Médecins sans frontières, pour vider l’ancien camp déshumanisé de Basroch où le nombre d’exilés était passé de 80 à 2.800 en quelques mois en 2015. Lundi 30 mai, l’Etat a finalement signé une convention afin de prendre en charge le contrôle du camp d’accueil de Grande-Synthe.

Le nouveau camp qui doit s’installer dans le nord de Paris respectera les normes internationales, c’est à dire celles « édictées par l’ONU et le Haut commissariat pour les réfugiés« . Il y aura donc des hébergements modulaires pour pouvoir les installer rapidement et avec tout le « confort nécessaire« . Une mesure forte qui fait suite aux nombreux démantèlements de camps temporaires et insalubres de migrants parisiens. A chaque évacuation, un autre camp se reconstituait, dans des conditions de salubrité et de sécurité déplorables. Il en va ainsi pour le camp installé sur les abords des jardins d’Eole dans le 18 et 19ème arrondissement qui compte actuellement 800 migrants dormant à même le sol. Le 2 mai, c’était plus de 1.600 migrants qui se sont fait évacuer du métro aérien de Stalingrad pour être répartis dans différents centres d’hébergement.

Le projet se fera avec l’aide d’associations comme Emmaüs, France Terre d’Asile et Aurore qui cogéreront le futur centre. Mais la maire de Paris a aussi souhaité que « l’Etat soit partenaire« . Un Etat qui n’a pourtant pas été prévenu de cette initiative … Pour les opposants au projet, cela fait donc beaucoup : l’Etat n’est pas au courant, le lieu n’est pas établi et la population concernée n’est pas déterminée. Un début de polémique qui fait écho à celle d’il y a quelques mois sur l’installation d’un centre d’hébergement pour sans abris et sans papiers dans le 16ème arrondissement de Paris, aux abords du bois de Boulogne. Les riverains s’étaient mobilisés en force pour contester cette installation, soutenu activement par le maire Les Républicains de l’arrondissement, Claude Goasguen. La mairie a finalement tenu bon et un permis de construire a été délivré. 

 

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