Affaire de la "chemise déchirée" du DRH d'Air France : le procès renvoyé en septembre

Huit mois après les échauffourées d’Air France où une centaine de salariés avait pris à partie deux cadres dirigeants de la compagnie suite à l’annonce de la suppression de près de 3.000 postes, le procès de 15 d’entre eux avait lieu ce matin à Bobigny. Un procès qui vient d’être reporté à septembre prochain, contre l’avis du procureur.

Le procès pour l’affaire de la « chemise arrachée » du DRH d’Air France vient d’être renvoyé peu après son ouverture par le tribunal correctionnel de Bobigny. Les avocats des 15 salariés accusés de violences aggravées et de dégradations en réunion avaient saisi la cour d’une demande de renvoi. Ce qu’elle a accepté, contre l’avis du procureur. Le prochain procès aura donc lieu le 27 et 28 septembre. 

L’avocate de la CGT a en effet plaidé la jonction entre cette affaire de violences et de « chemises arrachées » et une autre, d’entrave au droit syndical, par la compagnie Air France. Elle fait valoir ces faits en accusant Air France d’avoir fermé l’accès au siège où se déroulait le comité central d’entreprise. Le juge a alors refusé de se prononcer sur la jonction entre ces deux affaires, qui seront donc examinées à la rentrée, mais a motivé son renvoi par le fait qu’il était préférable d’examiner le dossier sur deux jours d’audience au lieu d’un seul, comme c’était prévu ce vendredi. 

Air France poursuit ses salariés

C’était le 5 octobre dernier. Une foule en colère de salariés d’Air France force le portail d’entrée du siège de la compagnie à Roissy et envahi ensuite le comité central d’entreprise. Le PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, vient en effet de mettre fin aux négociations avec les syndicats et d’annoncer la suppression de 2.900 emplois et de 10% de ses vols long-courriers. De quoi mettre en colère les salariés.

Une centaine de manifestants prend alors violemment à partie le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, et le responsable des vols long-courriers, Pierre Plissonnier. Evacués et protégés par les vigiles et aussi quelques syndicalistes, les deux hommes n’échappent pas à la foule en colère qui déchire leur chemise, sans que personne ne puisse expliquer les conditions exactes dans lesquelles se sont déroulés les faits. Poursuivis par les manifestants, ils sont contraints, torse nu et chemise en lambeau, de franchir un muret, aidés des vigiles, puis de grimper sur les hautes grilles protégeant le siège social. Ce qui donne lieu à des images marquantes.

Depuis ces évènements, la machine judiciaire s’est emballée. Plusieurs plaintes ont été déposées par la compagnie, ses cadres dirigeants et neuf vigiles présents lors des incidents. Cinq salariés, tous membres de la CGT, sont poursuivis pour « violences volontaires aggravées » pour leur participation présumée à l’affaire de la « chemise arrachée » et risquent trois ans de prison avec 45.000 euros d’amende. Dix autres salariés, eux aussi membres du syndicat, sont accusés de « dégradations volontaires en réunion ». Air France présenterait une facture de réparations dépassant 40.000 euros.

Ils comparaissaient ce vendredi 27 mai devant le Tribunal correctionnel de Bobigny. Mais l’affaire reste trouble. Médiapart a révélé en décembre 2015 qu’Air France avait licencié cinq salariés pour des violences diverses alors que l’un d’eux n’avait pas été mis en cause par la justice. A l’inverse, un des hommes poursuivis par un des vigiles pour violences volontaires en réunion n’a fait l’objet d’aucune procédure de la part d’Air France. Le tout repose sur des vidéos et photos où il est difficile de distinguer qui précisément s’en est pris aux dirigeants et aux vigiles tellement la foule est compactLes PV d’enquête le prouvent. « Il est rapidement apparu que la densité et la mobilité de la foule rendaient extrêmement complexes les identifications formelles d’individus s’étant rendus coupables de faits délictuels« , peut-on y lire.

Ce matin, avant l’ouverture du procès, le numéro un de la CGT Air France, Miguel Fortea, a dénoncé un « procès totalement injuste » à l’encontre de « boucs émissaires ». Il évoque « un dossier hautement politique de criminalisation de l’action syndicale. Pendant ce temps-là on ne parle pas du fond du problème, les suppressions d’emplois« , à l’origine des débordements. Un procès qui fait encore une fois parler de la CGT, actuellement en plein bras de fer avec le gouvernement pour le retrait de la loi Travail.

 

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