En pleine crise sociale, le PDG de Total a cru bon ce mardi 24 mai de menacer les salariés grévistes des raffineries qu’il exploite en France d’y suspendre son plan d’investissement, soit 600 millions d’euros prévus. D’autant plus gros si l’on se souvient que le groupe a longtemps été exempté d’impôt sur les sociétés dans l’Hexagone malgré ses milliards d’euros de bénéfice…
Il a osé. Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a annoncé ce mardi 24 mai devant l’assemblée générale des actionnaires que le groupe allait « réviser sérieusement » les projets d’investissements dans les raffineries françaises qu’il exploite, dont la totalité participe désormais au mouvement de grève voté contre la loi Travail, entraînant à certains endroits des pénuries de carburant et la panique dans les stations essence un peu partout en France. « C’est quelque part une forme de rupture du pacte qui lie à la fois nos employés et notre entreprise », a argué Patrick Pouyanné pour justifier cette annonce, alors que le gouvernement a entamé le déblocage par la force de plusieurs sites.
Une menace qui planait déjà dans un courriel envoyé ce week-end aux responsables des raffineries. Selon Les Echos, qui a pu consulter la missive, le directeur général raffinage-chimie, Philippe Sauquet, y dénonçait en effet « des événements extrêmement graves », en l’occurrence « une prise d’otage » des activités de la compagnie qui, si elle devait se poursuivre, aboutirait à la révision des « projets d’avenir ».
Autrement dit, poursuit Les Echos, la suspension du plan d’investissement qui prévoit, entre autres, d’injecter 600 millions d’euros dans la modernisation de la raffinerie de Donges, en Loire-Atlantique – où certaines unités sont aujourd’hui à l’arrêt dans le cadre de la mobilisation contre la loi El Khomri – ou encore dans la reconversion du site de Mède, dans les Bouches-du-Rhône, touché quant à lui par des blocages partiels.
C’est oublier bien vite non seulement que se déclarer en grève est un droit constitutionnel en France (soumis à certaines conditions, parmi lesquelles la retenu de salaire), mais aussi que le montant des investissements que Total fait miroiter à ses effectifs n’est rien comparé… aux exemptions d’impôts dont le groupe a bénéficié entre 2012 et 2015. Tandis que le contribuable se faisait allègrement ponctionner, Total ne payait en effet pas un centime d’impôt sur les sociétés en France malgré des bénéfices records de 4,2 milliards d’euros enregistrés, par exemple, en 2014. Cherchez le vrai ingrat…
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