Le secrétaire d’Etat aux Sports Thierry Braillard a assuré ce mardi 24 mai que l’Euro de football « sera une grande fête » et « se passera bien dans les stades et les fan zones ». Après les débordements survenus samedi lors de la finale de la Coupe de France de football dans un Stade de France pourtant en dispositif de sécurité « Euro », la projection du ministre laisse perplexe…
« N’ayez crainte, ce sera une grande fête ! » Thierry Braillard a voulu se montrer rassurant ce mardi 24 mai. En déplacement à Nice avec Myriam El Khomri pour discuter notamment de l’impact économique de l’Euro de football, le secrétaire d’Etat aux Sports a assuré que celui-ci « se passera bien dans les stades et les fan zones ». Une mise au point qui intervient trois jours après les débordements survenus lors de la finale de la Coupe de France de football, dans un Stade de France alors en dispositif de sécurité « Euro ». « Un souci de signalétique », pour le ministre, qui annonce « que tout cela sera corrigé » avant le coup d’envoi de la compétition, prévu le 10 juin dans la même enceinte.
Bombes agricoles et bouteilles en verreUn « souci de signalétique », vraiment ? Présentée comme LA répétition générale en matière de sécurité avant les premiers matches de l’Euro, la finale de la Coupe de France a tourné au fiasco ce samedi 21 mai. Le Stade de France s’est adapté pour l’occasion aux mesures post-13 novembre imposées par l’UEFA, qui organise l’Euro. Premier couac : la restriction à seulement quatre points de l’accès au stade, dispositif censé permettre un filtrage avant même l’arrivée aux portes de l’enceinte. Les supporters parisiens et marseillais, dont les équipes disputaient la finale samedi, se sont retrouvés pris dans des mouvements de foules du fait d’une trop forte affluence sur chacun des points d’accès. Second couac : un triple contrôle des spectateurs visant à parfaire les fouilles. Des bombes agricoles, fumigènes et bouteilles en verre ont pu être introduits dans l’enceinte samedi malgré ce filtrage triplé. Des fans marseillais ont même mis le feu à des tissus en fin de rencontre.
A 2 semaines de l’Euro.
Bombes agricoles,fumigènes & sièges brûlés au stade de France. Inquiétant & quelle image. pic.twitter.com/RICQRnrS3X— Thomas Quiene (@TQuiene) 21 mai 2016
Les débordements survenus au Stade de France ont amené le préfet de Seine-Saint-Denis à reconnaître que le dispositif de sécurité a été « défaillant ». Et d’estimer que les sociétés de sécurité privées – qui officieront pendant l’Euro – ont été « dépassées » par les événements. Le préfet a pu rapporter le fil des événements à Bernard Cazeneuve lors d’une réunion organisée ce lundi place Beauvau. Le ministre de l’Intérieur a alors annoncé que « les dysfonctionnements constatés » seront corrigés « sans tarder ». Et de promettre de « garantir la fluidité et l’entrée des supporters dans les enceintes sportives, de fiabiliser les contrôles de sécurité par les sociétés de sécurité privées et de sécuriser les sorties de matches ». La sécurité autour et à l’intérieur des stades d’une compétition actée depuis 2011 doit donc se réorganiser deux semaines avant son coup d’envoi…
Autres lieux de réunion massive lors de l’Euro, les « fan zones » préoccupent elles aussi par leur sécurisation. Présents dans les dix villes accueillant les matches de la compétition, ces espaces à ciel ouvert offriront diverses animations. Et pourront réunir jusqu’à 92.000 personnes à Paris sur le champ de Mars, 80.000 sur les plages du Prado à Marseille ou encore 62.000 curieux sur l’esplanade des Quinconces à Bordeaux… « 100.000 personnes sous la Tour Eiffel, un objectif apporté sur un plateau à Daech », a déclaré lundi le député LR David Douillet sur Europe 1. L’ancien champion olympique considère que le choix du gouvernement de maintenir les « fan zones » est « complètement irresponsable ».
« Ne pas se laisser terroriser »L’inquiétude de David Douillet sur la sécurité des « fan zones » est partagée par le chef de son parti. Nicolas Sarkozy a expliqué ce dimanche au 20H de TF1 que les « fan zones » sont « un risque ». Poursuivant : « J’espère de tout cœur que tout se passera bien, mais je pense qu’on a autre chose à faire de nos policiers, de nos gendarmes, avec le risque d’aujourd’hui, que de garder des fan zones ». Un avis que ne partage pas le président de l’association des villes hôtes de l’Euro, Alain Juppé, qui estime qu’il n’est « pas question de se laisser impressionner ou terroriser ». Et de conclure : « Nous allons faire en sorte que cet événement réussisse ».
L’optimisme du maire de Bordeaux est loin d’être partagé par les grandes agences de sécurité. Le site d’Europe 1 révélait fin avril que les plus grosses entreprises de sécurité exerçant en France ont toutes refusé de sécuriser les « fan zones ». Celles-ci auraient jugé « trop difficile, mais aussi trop risqué d’assurer la protection de dizaines de milliers de personnes rassemblées devant un écran géant ». Les missions de sécurisation de ces espaces ont donc été confiées à des agences de plus petite taille, souvent en sous-effectif par rapport aux besoins. Le recrutement d’intérimaires a été engagé à la dernière minute, le gouvernement les ayant autorisé à restreindre la durée de la formation à un seul mois. Là encore, la précipitation semble être de mise pour garantir la sécurité des spectateurs de l’Euro.
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