Non content de la dérégulation du temps de travail prévue par le texte, le ministre de l’Economie prône désormais des négociations salariales au niveau de l’entreprise. En pleine crise sociale, de quoi donner un peu plus de carburant à la contestation de la CGT…
Cela fait trois mois que le projet de loi Travail crispe la France entière. Après les nombreuses journées de manifestations, le gouvernement est désormais engagé dans un bras-de-fer avec la CGT, qui réclame le retrait pur et simple du texte et multiplie les blocages. Et voilà qu’Emmanuel Macron, fidèle à lui-même, vient verser un peu d’huile sur le feu. Dans un entretien aux Echos, ce mardi 24 mai, le ministre de l’Economie estime que le projet de loi El Khomri est encore insuffisant…
« Pour les salaires, il faut privilégier des négociations salariales au plus proche de la situation de l’entreprise », déclare Emmanuel Macron. Cela veut-il dire qu’il faut aller plus loin que la loi El Khomri ? « Oui. Il faudra élargir le champ de la négociation collective au niveau de l’entreprise à d’autres domaines » que le temps de travail, répond le ministre. « Plus on ira vers l’entreprise, plus ce sera efficace. » Voilà de quoi faire bondir les syndicats opposés à la loi Travail, eux qui protestent contre l’inversion des normes, c’est-à-dire la primauté donnée par le texte à l’accord d’entreprise sur le code du travail.
Mais ce n’est pas tout. Si Emmanuel Macron veut que les salaires soit négociés directement au sein de l’entreprise, ce n’est pas tellement pour encourager leur hausse. Bien au contraire, voici son message aux industriels : « Je leur dis : ‘Ayez une préférence pour l’investissement et l’emploi-formation plutôt que pour les dividendes et les salaires !’ Pour relancer l’industrie française, il faut du temps et il faut privilégier l’investissement productif. » Un credo qui diffère quelque peu de la phase de « redistribution » promise par François Hollande dans le second temps de son quinquennat.
En revanche, en ce qui concerne la modération salariale des grands patrons, le locataire de Bercy est beaucoup moins catégorique… Alors que François Hollande et Manuel Valls ont menacé le patronat de légiférer pour instituer un plafonnement, Emmanuel Macron continue de camper sur une ligne différente :
« Evitons la réponse réflexe consistant à dire: ‘Il y a un problème, faisons une loi.’ Il est hypocrite de déclarer ‘limitons la rémunération des dirigeants à 100 fois le SMIC’, alors que suivant la Constitution la loi ne peut pas limiter la rémunération des patrons avec un plafond fixe. »
Déréguler le code du travail, décourager les augmentations salariales, laisser les patrons toucher des millions… Autant de propositions qui ne manqueront sans doute pas de rassembler la gauche, à moins d’un an de l’élection présidentielle !
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