Brésil : Dilma Rousseff a-t-elle été écartée pour protéger une élite corrompue ?

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a-t-elle été éloignée du pouvoir à cause du maquillage présumé des comptes publics qu’elle aurait opéré en vue de sa réélection ? Pas vraiment, en tout cas pas seulement, tend à indiquer une écoute téléphonique rendue publique, ce lundi 23 mai, par un quotidien de Sao Paulo…

Un coin de voile se lève sur les coulisses de la procédure de destitution engagée par les parlementaires brésiliens contre la présidente Dilma Rousseff. Ecartée du pouvoir le 12 mai dernier par les sénateurs pour une durée de 180 jours – après l’aval rocambolesque de l’Assemblée -, la protégée de Lula, accusée d’avoir maquillé les comptes publics en vue de sa réélection, n’a eu de cesse de dénoncer « un coup d’état. » La dernière fournée de révélations publiées dans la presse nationale tend à lui donner raison.

Car bien plus que l’état réel des comptes publics et les manœuvres du Parti des Travailleurs (PT), de gauche, pour masquer les déficits, il apparaît que la corruption endémique qui touche une large partie de l’élite politique du pays – visée par de nombreuses enquêtes judiciaires, dans le cadre notamment de la tentaculaire affaire Petrobrasait joué un rôle déterminant dans sa mise à l’écart.

« Arrêter l’hémorragie » Petrobras

En témoigne une écoute téléphonique rendue publique ce lundi 23 mai par l’un des principaux quotidiens de Sao Paulo, La Folha. Onze jours, donc, après la nomination du nouveau gouvernement par interim, présidé par Michel Temer, 75 ans, ancien vice-président de Dilma Rousseff issu du parti centriste, le (PMDB), membre de l’ex-coalition gouvernementale.

Au total, plus d’une heure de conversation accablante pour l’un des ministres du gouvernement, proche de Michel Temer : le ministre de la Planification, Romero Jucá, qui évoque sans détours, en mars dernier avec son interlocuteur – un ancien responsable de Petrobras également visé par la justice -, la nécessité « d’arrêter l’hémorragie ». Autrement dit, de faire cesser les arrestations, les mises en examen, les condamnations, etc. Mesures qui se comptent d’ores et déjà par dizaines dans l’affaire de détournements de fonds publics liée au géant pétrolier d’Etat Petrobras.

Romero Jucá contraint de démissionner

Sentant l’étau se resserrer autour de lui, l’ancien responsable de Petrobras s’emporte, ce jour-là, derrière le combiné. « Ça a merdé, ça a merdé pour tout le monde », dit-il avant de se montrer un brin menaçant : « Comment créer une structure qui me permettrait de ne pas tomber ? Parce que si je tombe… ». « On doit trouver une manière de résoudre ce bordel », lui répond le désormais ministre, Romero Jucá. « On doit changer de gouvernement pour arrêter l’hémorragie », conclut-il de surcroît.

Inutile de préciser que Romero Jucá sera dans les semaines suivantes l’un des artisans de la procédure de destitution de Dilma Rousseff… Contraint à la démission suite à ces nouvelles révélations, il a déclaré vouloir se mettre « en réserve » dès ce mardi 24 mai, afin « qu’aucune manipulation malintentionnée puisse porter préjudice à l’action du gouvernement ». Interrogée sur le sujet, Dilma Rousseff a quant à elle bien sûr déclaré que la « conspiration » à son encontre était désormais « évidente ». Le feuilleton, n’est pas prêt de s’arrêter…

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