"Hijab Day" à Sciences Po Paris : un rendez-vous manqué mais une provoc' réussie

L’invitation d’un collectif d’étudiantes de Sciences Po Paris à porter le voile ce mercredi 20 avril dans l’enceinte de l’école n’a pas soulevé les foules…

Mais où sont donc les près de 300 participants annoncés sur la page Facebook du « Hijab Day » ? Pas à Sciences Po, en tout cas : au matin de ce mercredi 20 avril, l’événement n’a guère mobilisé malgré l’emballement médiatique qu’il suscite depuis mardi. Un collectif d’étudiantes de l’école parisienne avait invité ses camarades à porter le voile islamique dans l’enceinte de l’établissement, afin de sensibiliser « sur la question du foulard en France ».

Dès l’ouverture de l’école, à 8 heures, une dizaine de petites mains installent le stand du « Hijab Day » dans la « péniche », le hall d’entrée. Dehors, Arthur, le vice-président de l’Unef à Science Po, explique que le syndicat qu’il représente – qui est majoritaire dans l’établissement – « ne prend pas position sur le sujet » mais il témoigne de sa « bienveillance » à l’égard de l’initiative qui, selon lui, « participe au dialogue ». Un avis que ne partage pas l’Uni, dont l’une de ses élus, Claire, condamne au contraire ce « prosélytisme envers la religion ». Quant aux stigmatisations que dénoncent les initiatrices du mouvement, la jeune femme rappelle que « ce n’est pas le port du voile en soi qui dérange mais le fait qu’on l’impose ».

Le « Whatever Day » plutôt que le « Hijab Day »

Si les organisatrices tiennent à rappeler qu’elles « ne souhaitent pas imposer mais seulement inviter au port du voile », leurs camarades ne semblent pas se passionner pour leur cause. Dans le hall de l’école, les chips et les cookies présentés sur le stand du « Hijab Day » partent plus vite que les quelques foulards et pashminas que le collectif distribue gracieusement aux étudiants. Devant les caméras – plus nombreuses ce mercredi matin que les militant(e)s -, une Australienne qui fait ses classes à Science Po se met en quête de lumière. Affirmant haut et fort qu’il n’y a « pas de problème avec le voile en Australie », elle se laisse revêtir d’un foulard et entame une petite tournée médiatique pour clamer son aversion « envers le racisme ». Concédant néanmoins au passage… ne « pas connaître le débat sur le port du voile en France ».

« Il n’y a pas de problème avec le voile chez moi »
Une étudiante australienne #Sciencespo met le voile au #HijabDay. pic.twitter.com/etACKDCxZI

— Nicolas Rinaldi (@nicolasrinald1) 20 avril 2016

Passé le gong de 10 heures, un jeune homme capte à son tour l’attention devant le parvis de Sciences Po. Vêtu d’une robe, de collants et perché sur des talons, il est en opération « Whatever Day », dénonçant l’asservissement idéologique du « Hijab Day ».

« Il faut que chacun puisse s’exprimer comme il le souhaite » #Whateverday #HijabDay pic.twitter.com/LL3Ga7PC4i

— Charles-Alexandre (@Charleslouaas) 20 avril 2016

Mais c’est sur les réseaux sociaux que les critiques suscitées par le #HijabDay se diffusent le plus largement. Et les politiques ne sont pas en reste. Bruno Le Maire, qui enseigne à Sciences Po Paris, affiche sa « désapprobation » face à ce « prosélytisme ». Eric Ciotti dénonce également une « manifestation scandaleuse », rejoint par Nadine Morano qui propose une journée du pantalon, arguant que les Françaises ne se sont « pas battues pour avoir le droit de porter des pantalons pour aujourd’hui laisser se propager l’obligation sexiste de se couvrir les cheveux ». La preuve que ce « Hijab Day » part bel et bien en pantalonnade. 

 

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