Delphine Ernotte maintient Michel Field : "Pas à la hauteur", regrettent les salariés

La rupture étant consommée, les journalistes de France télévisions ont adopté mardi soir une motion de défiance contre le directeur de l’information du groupe, Michel Field. Ce qui n’a pas empêché la présidente Delphine Ernotte de lui renouveler ce mercredi 20 avril sa confiance.

« Je confirme Michel Field et la confiance que j’ai en lui pour mener les réformes au rythme prévu« , déclare la présidente du groupe dans un entretien au Monde. « A l’information, il y a (…) beaucoup de changements. Si on ajoute à cela les maladresses de Michel Field, on a une situation que l’on peut qualifier de malaise », admet-elle tout au plus. Et d’ajouter : « Il y a une situation de crise. Il faut écouter, c’est ce que j’ai fait en rendant visite aux rédactions (…) Si je dois me faire un reproche, c’est de ne pas m’en être occupée plus tôt ».

La motion avait pourtant été votée à une majorité de 65%, les salariés de la rédaction reprochant au directeur de l’information nommé en décembre les méthodes cavalières, autant que le style empreint de morgue, dont il fait preuve dans sa gestion du dossier principal dont il a la charge : le lancement, d’ici à la rentrée, de la nouvelle chaîne d’info du groupe. Il y a dix jours, dans Le Supplément de Canal+, Michel Field avait notamment enchaîné une série de provocations outrancières pour les personnels de la maison, trois jours après que ceux-ci avaient signifié leur malaise par un mouvement de grève.

« La réponse de Delphine Ernotte n’est pas à la hauteur de l’inquiétude exprimée »

Afin de ne pas donner l’impression d’un coup de motion dans l’eau, Delphine Ernotte a tout de même pris soin – comme elle l’a annoncé ce mercredi aux salariés dans un courrier interne qu’a pu consulter Marianne – de confier au journaliste Alain de Chalvron, ex-directeur de la rédaction de France 2, « une mission rapide sur les dysfonctionnements au sein de l’information à France Télévisions« . Chargé de fixer « les bases d’un climat de travail apaisé en proposant rapidement des solutions« , il doit lui remettre ses conclusions « début juin« . D’ici là, il va peut-être déjà lui falloir revenir de Pékin, où il est pour l’heure envoyé spécial permanent.

« Une mission aux faux airs de comité Théodule« , ont réagi dans la foulée ce mercredi matin les sociétés des journalistes de France 2, France 3 et francetv info, qui jugent dans un communiqué que « la présidente reconnaît elle-même ne pas avoir de réponse ». Déplorant sur la forme qu’elle « ait préféré faire part de ses décisions par voie de presse plutôt qu’en ouvrant un dialogue avec les rédactions« , les journalistes estiment donc que « la réponse de Delphine Ernotte n’est pas à la hauteur de l’inquiétude exprimée mardi lors du vote de la motion de défiance« . Prenant acte que la présidente du groupe « reconnaît des ‘dysfonctionnements’ au sein des rédactions », les journalistes maintiennent que « la responsabilité en incombe à Michel Field, dont les insuffisances sont à l’origine de la crise« . Et de reposer la question : « Comment continuer à travailler avec un directeur de l’information en qui moins de 20% des journalistes de France Télévisions ont confiance ? »