Pologne : nouvelle régression à l'horizon, contre l'IVG

En discussion au Parlement polonais, une proposition de loi des conservateurs majoritaires visant à interdire presque totalement le droit à l’avortement a reçu mercredi 30 mars le soutien de l’Eglise catholique de Pologne.

Après les libertés publiques, les droits des femmes. Une proposition de loi visant à interdire quasi-totalement le droit à l’avortement, défendue par la majorité conservatrice, a reçu mercredi 30 mars le soutien de l’Eglise catholique de Pologne. Les femmes sont donc les nouvelles cibles de la régression conservatrice qui touche le pays depuis l’arrivée au pouvoir du parti conservateur et nationaliste Droit et Justice (PiS), en octobre dernier. Dans une lettre, les évêques polonais réclament « une totale protection juridique des non nés ». Et précisent que le texte en question sera lu ce dimanche 3 mars dans toutes les paroisses.

La proposition de loi vise à interdire totalement toute tentative d’IVG, sauf si et seulement si la vie de la mère est en jeu. Alors que la législation actuelle autorise également l’avortement si un examen prénatal indique une grave pathologie irréversible chez l’embryon ou si la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste. Deux autres dérogations qui seraient donc supprimées en cas d’adoption du texte. Le projet porte également la peine maximale pour la personne qui pratique l’avortement en dehors de ces cas, qu’elle soit patiente ou médecin, à 5 ans de prison contre 2 actuellement.

« Stratégie typique d’un Etat autoritaire qui moralise des idées »

Le « compromis actuel exprimé dans la loi du 7 janvier 1993 » ne suffit donc plus aux évêques polonais, qui profitent que leur amis du parti conservateur soient au pouvoir pour faire encore avancer leurs pions. Même si le chef du PiS Jaroslaw Kaczynski reste prudent, tant que le conflit qui fait rage avec l’opposition et une partie de la société civile sur le Tribunal constitutionnel n’aura pas été résolu. De son côté, la chef du gouvernement Beata Szydlo a pris clairement position en faveur de la proposition de loi : « La vie de chacun est protégée par le cinquième des dix Commandements : ‘Tu ne tueras point’. » La messe est dite.

Les propos de la présidente du Conseil indignent bien sûr les associations féministes. Professeure de droit à l’université de Varsovie et membre éminente de l’association Congrès des femmes de Pologne, Monika Platek explique que « Szydlo est une marionnette » aux mains de l’Eglise catholique, pour laquelle l’interdiction de l’avortement est « la condition de son soutien au PiS ». Et de conclure : « Cette stratégie est typique d’un Etat autoritaire qui moralise des idées pour ensuite tout contrôler. Ce que l’on a vu sous Hitler et Ceausescu est en train de se répéter avec le PiS »…

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