Après l’attaque terroriste de Lahore, au Pakistan, qui a fait 72 morts et 300 blessés, regardons les choses en face : dans les pays d’Asie et d’Afrique où ils sont minoritaires, les chrétiens sont devenus les juifs du monde contemporain, persécutés et menacés de disparition.
Nous autres Occidentaux pensions avoir connu le sommet de l’horreur avec ces attentats islamistes aveugles qui ont ensanglanté depuis des années Madrid, Londres, plus récemment Paris et maintenant Bruxelles. Mais il y a pis que les attentats aveugles ; il y a les attentats ciblés, comme ceux qui ont visé les juifs à Toulouse, au musée juif de Bruxelles, au supermarché kasher de la porte de Vincennes : à la barbarie ordinaire s’ajoute le racisme le plus abject. Il me semble qu’on ne l’a pas assez dit.
Et maintenant, les chrétiens, et plus précisément les enfants chrétiens ! Ce n’est pas la première fois que les talibans s’en prennent aux enfants. On se souvient – enfin, espérons-le – des 144 victimes, dont 132 enfants, assassinées de sang-froid dans une école de Peshawar le 16 décembre 2014. Il y a quelque chose qui glace le sang, quelque chose de proprement nazi dans cette manière de faire. Jean-Marc Rouillan trouve les djihadistes « courageux ». Ce n’est pas, en dépit ou à cause de leur mépris de la mort, le mot qui me serait venu spontanément à l’esprit. Il est vrai qu’en matière d’assassinat de sang-froid, l’ancien chef d’Action directe en connaît un rayon. Il est temps d’en finir avec le déni et la complaisance pour la propagande islamiste
Il faut s’imaginer la scène : un parc public dans la grande ville de Lahore, où les chrétiens pakistanais – moins de 2 % de la population – célèbrent Pâques, la fête de la Résurrection. Le kamikaze bardé d’explosifs se dirige délibérément vers les balançoires, là où jouent les petits : 72 morts, plus de 300 blessés. Certains médias, notamment dans les radios et les télés, ont traité ce « fait divers » en une phrase, après un quart d’heure consacré aux attentats de Bruxelles, donnant entièrement raison à Jean-Marie Le Pen quand il affirme que la compassion est avant tout affaire de proximité : mes frères avant mes cousins, mes cousins avant mes amis, mes amis avant les étrangers, etc. Dans le traitement médiatique de l’horreur terroriste, il y a 5 % d’information, 5 % d’humanité et 90 % de marketing.
Le groupe taliban Jamaat-ul-Ahrar, qui a revendiqué l’attentat de Lahore, a tenu à préciser que les chrétiens étaient la cible. L’existence d’une minorité chrétienne, composée pour la plupart d’anciens « intouchables », est intolérable pour ces fanatiques, car leur objectif est le même que celui de l’Etat Islamique : imposer la domination de l’islam au monde entier, y appliquer la charia, et détruire physiquement tout ce qui s’oppose à ce dessein. Dans cette perspective, il est de bonne guerre de s’attaquer aux minorités, notamment chrétiennes, et aux enfants, qui représentent l’avenir. Ces groupes demandent notamment la mise à mort d’Asia Bibi, une chrétienne condamnée injustement pour blasphème.
C’est pourquoi il est temps d’en finir avec le déni, et avec la complaisance pour la propagande islamiste, qui n’est pas le seul fait des djihadistes, mais de la quasi-totalité des gouvernements musulmans : ce qui, au chapitre du religieux, domine aujourd’hui le monde, c’est n’est pas « l’islamophobie », c’est la persécution contre les chrétiens.
L’ONG protestante Portes ouvertes, qui dresse chaque année un index mondial de la persécution des chrétiens à travers le monde, a trouvé que, sur les 50 pays les plus touchés, 40 d’entre eux sont à majorité et à gouvernement musulman. Dans certains, comme l’Arabie saoudite ou la Somalie, l’exercice, même privé, de la religion chrétienne est interdit et puni d’emprisonnement, parfois de mort : églises saccagées et brûlées, lynchages, meurtres de chrétiens demeurés impunis, discriminations administratives… L’objectif est clair : c’est purement et simplement l’éradication du christianisme dans tous les pays où il n’est pas majoritaire. Le processus est en cours dans les lieux mêmes qui le virent naître, c’est-à-dire le Proche-Orient.
Pendant ce temps-là, François Hollande décore le prince héritier d’Arabie saoudite Car il n’y a pas que l’Etat islamique : les talibans, AQMI, les Chabab, Boko Haram, pour ne citer que quelques-unes des principales organisations persécutrices, sont les formes régionales d’un fanatisme qui est aujourd’hui, sous des formes à la fois diffuses et barbares, une menace pour la liberté du monde, comme le furent en leur temps le nazisme, puis le stalinisme. Que l’on ne pense pas du reste que l’islam est seul en cause : l’Inde, la Chine, la Corée du Nord figurent parmi les pays où la persécution est la plus forte.
Regardons les choses en face : dans les pays d’Asie et d’Afrique où ils sont minoritaires, les chrétiens sont devenus les juifs du monde contemporain : persécutés et menacés de disparition. Et, comme tous les grands crimes, ce n’est qu’après coup que l’on en prendra conscience, et qu’on instituera un « devoir de mémoire »…
Pendant ce temps-là, le président de la République française décore lui-même de la Légion d’honneur le prince héritier d’Arabie saoudite, le pays qui a armé financièrement et intellectuellement le djihadisme, et dont le régime résume à soi seul toutes les formes d’atteinte aux droits de l’homme. Comment donc les ennemis de notre civilisation pourraient-ils nous respecter, quand ils voient ses plus hauts représentants se prosterner devant eux ? La lâcheté n’a jamais été la voie du salut. C’est à juste titre que nous sommes méprisés et que nous devenons méprisables.
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