Dans Libération, l’auteur de « 2084 » prend la défense de son confrère et compatriote algérien face aux « lanceurs de fatwas » et aux « censeurs les plus émérites ».
A son tour, Boualem Sansal a pris la plume pour défendre son confrère et compatriote Kamel Daoud, accusé par plusieurs intellectuels d’« alimenter les fantasmes islamophobes » après son analyse des agressions sexuelles de Cologne. L’écrivain algérien, qui décrit dans son dernier roman 2084 un monde sous l’emprise d’un totalitarisme d’inspiration islamiste, estime dans une tribune publiée par Libération jeudi 24 mars que « les attaques contre Kamel Daoud relèvent du terrorisme, tout comme ce qu’en Europe, on appelle le ‘politiquement correct’, le ‘pasdamalgame’ ou ‘la laïcité graduée' ».
« Les lanceurs de fatwas et les censeurs les plus émérites, mais aussi les seconds couteaux, les jaloux, les faux amis et les superagents de la police de la pensée, tapis dans les hautes structures de la culture et de l’information, se mobilisent pour l’abattre », dénonce Boualem Sansal à propos de l’auteur de Meursault, contre-enquête. « Malheur sur nous, ils ont marqué un point, le courageux Kamel Daoud se retire du journalisme. Vont-ils l’obliger à abandonner la littérature ? On le craint. »
« On espère pour lui la victoire et pour tous, écrivains et lecteurs, une nouvelle ère de tranquillité faite de libres et fructueux échanges, mais la lucidité nous interdit de rêver », estime, pessimiste, Boualem Sansal. « L’écrivain que je suis, hyperattaqué dans son pays, sait depuis son premier roman l’intelligence et la ténacité des assassins de la liberté et de la pensée. »
Kamel Daoud s’était attiré les critiques d’un collectif d’intellectuels pour avoir pointé le tabou du sexe et du rapport à la femme dans le monde arabo-musulman après les agressions du Nouvel an à Cologne. Il était aussi la cible d’une fatwa lancée par un imam salafiste algérien, qui a été condamné début mars à trois mois de prison ferme par le tribunal correctionnel d’Oran. Plusieurs personnalités ont pris sa défense ces dernières semaines, dont le Premier ministre Manuel Valls, qui a dénoncé le 2 mars « la hargne inouïe dont Kamel Daoud fait l’objet ».
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