Terrorisme : le « yakafokon » des ténors de droite

Les ténors de droite rivalisent de propositions et de déclarations choc sur le djihadisme afin de faire vivre le débat… de la primaire.

« Non mais il faut arrêter ! On va interner 5 000 personnes pendant combien de temps ? On est dans un état de droit ! » Le député LR Philippe Gosselin en a gros sur la patate lorsqu’on lui apprend que Laurent Wauquiez, quelques heures après les attentats de Bruxelles, a renouvelé sa proposition d’interner tous les fichés S. « Il y a une psychose en train de se développer dans la population et les propositions comme celle de Wauquiez sont payantes. C’est tentant de faire de la surenchère, et forcément, quand Wauquiez fait pas dans la dentelle, ça rencontre un écho. » Philippe Gosselin, comme d’autres dans son parti, craint une course à l’échalote dans laquelle risquent de s’engager les ténors de son parti sur le terrorisme.

Depuis mardi, chacun y va de son petit positionnement dans l’espoir de faire débat. NKM, fraîchement candidate à la primaire, a pour le moins réussi son coup, en proposant lors de la séance de questions au gouvernement la mise en place d’une peine de « perpétuité réelle ». Immédiatement suivie de reprises dans la presse, la proposition de la députée de l’Essonne a fait réagir Manuel Valls, qui s’est déclaré prêt à « examiner toutes les mesures qui soient efficaces, dans le cadre de notre Etat de droit, dans le respect évidemment de nos valeurs ». Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l’Assemblée, s’est lui déclaré opposé à cette mesure qu’il assimile à « une peine de mort lente ». Excellent agent électoral pour l’ancienne candidate à la mairie de Paris, aussitôt défendue par son collègue filloniste Bruno Retailleau : « L’angélisme habite toujours une partie de la gauche. »

Xavier Bertrand, favorable à cette mesure, a même été plus loin ce jeudi matin sur l’antenne de BFM TV. Le président de la région Nord Pas de Calais-Picardie a déclaré qu’il n’aurait « pas voté l’abolition de la peine de mort » en 1981. « Ce sera eux ou nous, justifie-t-il, alors c’est eux qu’il faut exterminer, en se donnant tous les moyens de droit pour le faire. » Il est aisé pour Xavier Bertrand de déclarer, en 2016, qu’il n’aurait pas voté une telle mesure alors qu’il n’était pas aux affaires. Celui-ci omet pourtant de préciser qu’il faisait partie du gouvernement de François Fillon, en 2007, lorsque l’interdiction de la peine de mort a été inscrite dans la Constitution. Candidate à la primaire, Nadine Morano demandait dès mardi de « fermer toutes les mosquées salafistes et interdire la construction de nouvelles mosquées tant que les responsables musuclmans ne seront pas en capacité d’en assurer un véritable contrôle« .

Bruno Le Maire, jamais en reste, profite du débat pour attaquer subtilement Nicolas Sarkozy (qu’il rattrape sévèrement dans les sondages) sur ses amitiés qataries : « Je réexaminerai les relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite, avec le Qatar, et avec un certain nombre d’Etats du Golfe en fonction de la capacité qu’ils auront à remettre en cause leurs liens avec les mouvements islamiques. »

Plus sobre comme à son habitude, Alain Juppé propose dans un communiqué de « refonder l’espace Schengen » pour une « politique commune de contrôle » des frontières, « l’adoption rapide du PNR et l’harmonisation des législations antiterroristes des 28 pays de l’UE pour permettre des réponses judiciaires communes ».

 

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