L’institut de sondage Ipsos est mis en examen dans le cadre de l’enquête sur les sondages de l’Élysée réalisés au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Une de ses contrariétés dans les plans de l’ancien président pour 2017.
La fièvre sondagière développée par Nicolas Sarkozy au cours de son quinquennat n’a pas fini de pourrir sa course à la présidentielle de 2017. S’appuyant sur une source judiciaire, l’AFP a révélé ce samedi 19 mars que l‘institut d’études d’opinion Ipsos a été mis en examen jeudi 17 mars pour recel de favoritisme dans l’enquête sur les sondages de l’Elysée, à l’époque où Nicolas Sarkozy dirigeait le pays. Trois autres instituts sont dans le viseur de la justice, dans une moindre mesure : Opinionway, Ifop et TNS-Sofrès ont été placés récemment sous le statut intermédiaire de témoin assisté, échappant ainsi pour le moment à un potentiel renvoi en procès.
Considéré par les enquêteurs comme « l’institut par excellence de l’Elysée, en volume et en montant », Ipsos s’est régalé sous la présidence de Sarkozy : dirigé jusqu’au début de 2008 par le conseiller du président d’alors, Pierre Giacometti, il « a facturé 1.491.570 euros HT entre mai 2007 et octobre 2009, soit 92% du montant total » des sondages commandés, selon une source proche du dossier citée par l’AFP.
L’enquête porte également sur les contrats passés entre l’Elysée et la société Giacometti-Peron après le départ de Pierre Giacometti d’Ipsos, et avec les structures d’un autre influent conseiller de Nicolas Sarkozy… La convention, signée en 2007 par Patrick Buisson avec l’Elysée, prévoyait d’une part du conseil rémunéré 10.000 euros par mois et octroyait d’autre part à Publifact, une des sociétés de Patrick Buisson, « l’exécution de sondages » à sa liberté d’appréciation et avec les instituts de son choix.
Au final, les enquêteurs ont répertorié 235 sondages achetés par le cabinet de Patrick Buisson et revendus à la présidence entre 2007 et 2009, avec un bénéfice d’environ 1,4 million d’euros, soit entre 65% et 70% de marge. Le juge d’instruction a mis l’ancien conseiller en examen pour recel de favoritisme mais aussi pour détournement de fonds publics. D’après l’enquête, l’Elysée a payé en tout environ 7,5 millions d’euros en sondages et conseils lors du quinquennat 2007-2012.
Pierre Giacometti et Patrick Buisson ont demandé la nullité de leur mise en examen. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris devra notamment se pencher sur l’obligation de passer par des appels d’offres pour la présidence de la République en matière de conseil politique. Une question dont dépend en partie la suite de l’affaire.
Côté Élysée, le juge d’instruction a déjà mis en examen pour favoritisme l’ancien secrétaire général, Claude Guéant, l’ancienne directrice de cabinet Emmanuelle Mignon et deux anciens conseillers, Julien Vaulpré et Jean-Michel Goudard. Nicolas Sarkozy, lui, est protégé juridiquement par le principe d’irresponsabilité pénale dont jouit le chef de l’État dans l’exercice de ses fonctions. Mais rien ne le protège du regard de l’opinion.
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