Nucléaire : l'héritage dilapidé

Réagissant au choc pétrolier, Pierre Messmer avait lancé en 1974 la construction de dizaines de réacteurs nucléaires pour plusieurs décennies. Formidable atout d’indépendance énergétique, l’acquis du plan Messmer fut longtemps une fierté française. Quatre décennies d’électricité bon marché sans accident grave. Ce legs hérité d’un Etat encore stratège a été dilapidé.

Le bazar inquiétant qu’est devenu le nucléaire français témoigne de la métamorphose de l’exercice politique. Colbert plantait des milliers de chênes pour assurer la construction navale des siècles après lui. Réagissant au choc pétrolier, Pierre Messmer avait lancé en 1974 la construction de dizaines de réacteurs nucléaires pour plusieurs décennies. Depuis, l’horizon du responsable politique s’est réduit aux élections à venir. Pour le futur, advienne ce que pourront les autres.

Formidable atout d’indépendance énergétique, l’acquis du plan Messmer fut longtemps une fierté française. Quatre décennies d’électricité bon marché sans accident grave. Ce legs hérité d’un Etat encore stratège a été dilapidé. Il suffisait de l’entretenir, de le réorienter, de le compléter. Mitterrand et Chirac se sont contentés d’en profiter. Sarkozy l’a livré à des aventuriers. Hollande se dit que tout cela tiendra jusqu’en 2017.

Depuis que Lionel Jospin, cédant à l’intimidation des Verts de sa « gauche plurielle », a gelé toute décision, le nucléaire a disparu des débats politiques, enveloppé d’une langue de bois schizophrène. Continuer d’en profiter sans l’assumer. La fierté est devenue honte. Cela donne la dernière « loi de transition énergétique » votée en 2015, promettant de réduire l’électricité d’origine nucléaire de 75 % à 50 % en dix ans. Tout le monde sait cela impossible… L’éolien et le solaire ne peuvent être que des appoints : ils produisent peu, cher, par intermittence.

Seul substitut possible : le charbon, très polluant. C’est le choix de l’Allemagne, rejetant 10 fois plus de gaz carbonique que la France et lui achetant avec hypocrisie de l’électricité nucléaire, tout en ayant obtenu de Bruxelles que son charbon échappe à la taxe sur les énergies renouvelables… Seuls les « décroissants » ont l’honnêteté de le dire franchement : l’abandon du nucléaire qu’ils préconisent implique énergie chère, rationnement général, révolution frugale… Un projet respectable et possible, mais peu de verts, à part Yves Cochet, le professent devant leurs électeurs bobos…

(…)

 

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