Le cardinal Philippe Barbarin a présidé ce dimanche 20 mars la messe des rameaux qui ouvre la semaine sainte, dans une ambiance spéciale. De l’autre côté de la ville de Lyon, l’Eglise apostolique arménienne est elle aussi éclaboussée par une affaire de pédophilie.
Dix heures trente ce dimanche des rameaux, le 20 mars, sur le parvis de la cathédrale St Jean de Lyon, par un froid glacial, au pied de la colline de Fourvière, face à la Saône. Le cardinal Philippe Barbarin, en tenue d’apparat rouge orangée, finement décorée, avec sa croix pectorale, sa mitre et sa crosse d’archevêque, préside la messe des rameaux et de la passion qui ouvre la semaine sainte, avant Pâques. Le primat des Gaules bénit les rameaux de quelques dizaines de fidèles réunis. Face à lui, plusieurs caméras de télévision, des photographes et des journalistes prenant des notes. Ambiance…
Chacun y va de son commentaire sur « l’affaire » Barbarin, et sa longue surdité présumée aux faits de pédophilie de Bernard Preynat. « C’est à la justice de trancher ! Il s’agit d’un crime, et pas d’un péché qui relèverait de l’Eglise » estime une septuagénaire, citant les deniers éditoriaux de la presse catholique. Que pense-t-elle des unes des magazines locaux, qui tous réclament ou s’interrogent sur une éventuelle démission du prélat ? « Mgr Barbarin, poursuit-elle, a été maladroit en disant ‘grâce à Dieu les faits sont prescrits’. Voyez comme il a l’air affecté ! Il est cardiaque.. Et la semaine sainte qui commence…», s’afflige-t-elle. Deux jeunes scouts, qui vendent du buis devant la cathédrale, réagissent au quart de tour : « C’est de l’acharnement médiatique », dénoncent-ils, « on lui fait payer ses positions sur le mariage pour tous ».
Après cette courte introduction, en guise de Procession des Rameaux, tous les fidèles sont invités à entrer dans la cathédrale, par la grande porte d’entrée ouverte pour l’occasion. La messe de la passion peut commencer, dans une cathédrale aux rangs un brin parsemés. C’est la version de St Luc qui est choisie. Le cardinal, jusque-là resté en seconde ligne, s’avance derrière l’autel, et dans ce texte contant la fin de la vie du Christ, de la cène à la crucifixion, tient le rôle de Jésus. Suit un long prêche de l’Archevêque, dit d’un ton passionné : il traite de St Luc et du thême de la miséricorde. Comprenne qui pourra…
Changement de décor. La scène se passe de l’autre côté de la ville, après le Rhône, rue d’Arménie. Nous sommes devant la cathédrale St Hakob (Jacques), siège de l’Eglise apostolique arménienne, qui fête aussi le dimanche des rameaux et qui est elle aussi éclaboussée par une affaire de pédophilie. Pourtant, pas de caméras ici, ni de photographes, ils seraient sans doute froidement reçus. Révélé par Le Progrès dans son édition de la veille, le scandale éclabousse l’ancien évêque local Mgr David Sahagian, décédé quelques jours plus tôt, à 81 ans, dans sa maison de retraite de Décines, dans la banlieue de Lyon. C’est une victime du prélat, un jeune séminariste prénommé Hrayr, qui a porté plainte pour des faits qui se sont passés au séminaire de Jérusalem, dans les années 1990.
« En février, le parquet a rendu son réquisitoire définitif et demandait le renvoi au tribunal correctionnel pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans et par personne ayant autorité », précise Le Progrès. « Il a tout reconnu. Puis pour éviter le déshonneur, il a renoncé à sa dialyse, et s’est laissé mourir », croit savoir une paroissienne. Ici, tout le monde ne parle que de ça. « Amot » (honte), entend-on ici et là. « Quel choc, c’est lui qui a enterré tous mes parents » soupire une jeune femme.. Les obsèques ont lieu lundi matin. Nombreux sont ceux à s’interroger : faut-il boycotter la cérémonie ? Conformément au rang du défunt, elle durera quatre heures, nous a confirmé un prêtre.
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