Depuis le 2 février, Otto Warmbier, un étudiant américain de 21 ans, est détenu en Corée du Nord pour avoir… volé une affiche de propagande. Il a été condamné ce mercredi à 15 ans de travaux forcés malgré des excuses publiques. Une vidéo de son « crime » a même été publiée par les autorités coréennes ce vendredi. Retour sur cette affaire.
Quinze années de travaux forcés, cela fait cher pour un vol d’affiche. C’est pourtant le prix à payer pour Otto Warmbier, un étudiant de 21 ans de l’Université de Virginie, après son arrestation le 2 janvier dernier. Ce jour-là, alors qu’il s’apprête à regagner les Etats-Unis après un voyage touristique en Corée du Nord, le jeune homme est arrêté à l’aéroport par les autorités locales. Elles l’accusent d’emporter avec lui une affiche de propagande communiste dérobée dans son hôtel. Pour le régime, c’est clair, cette tentative de vol est faite pour le compte de la CIA.
Lors d’une conférence de presse entièrement mise en scène, le jeune homme s’excuse et reconnaît avoir commis « la pire erreur de [sa] vie« . Il va même plus loin en affirmant que « le but de [sa] mission était de porter atteinte aux motivations et à l’éthique de travail du peuple coréen« . Plus tard, dans son exercice de repentir manifestement créé de toute pièce par Pyongyang, l’étudiant, en larmes, « supplie le peuple et le gouvernement de la République populaire de Corée du Nord de le pardonner. » La justice nord-coréenne restera cependant inflexible.
Pour justifier sa sentence de 15 années de travaux forcés, la Cour suprême s’est appuyée sur des images de vidéosurveillance de l’hôtel – le lieu du « crime » – où résidait Otto Warmbier. Dans la vidéo, on y voit effectivement l’étudiant enlever du mur l’affiche et la poser au sol. Mais les images ne prouvent rien d’autre que l’arbitraire absurde du régime nord-coréen.
Pour les Américains, Pyongyang se sert du jeune homme comme d’un pion politique. Washington dénonce une peine évidemment disproportionnée par rapport à l’acte commis. « Les allégations qui pèsent sur cet individu n’auraient entraîné aucune arrestation ou peine de prison aux Etats-Unis ou dans n’importe quel autre pays du monde. Il est de plus en plus clair que le gouvernement nord-coréen utilise les citoyens américains comme des pions avec des motivations politiques« , dénonce le porte-parole de la Maison-Blanche, John Earnest.
Le cas d’Otto Warmbier n’est pas inédit. Malgré des condamnations à des peines de travaux forcés, Laura Ling et Euna Lee, deux journalistes américaines, avait été libérées après la venue sur le sol coréen de l’ancien président américain Bill Clinton en 2009. Bis repetita un an plus tard, lorsque que Jimmy Carter avait obtenu la libération d’Aijalon Mahli Gomes, un ancien professeur d’anglais condamné à huit ans de travaux forcés. Mais rien ne dit qu’une personnalité politique fera la déplacement cette fois-ci, compte tenu des tensions actuelles entre les deux Etats.
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