Face à l’effondrement des prix du lait et du porc, le commissaire européen à l’agriculture devrait finalement accepter le retour à des mesures de régulation lors de la réunion des ministres concernés, lundi à Bruxelles.
Les cris de colère qui agitent les campagnes françaises depuis plusieurs mois trouveront-ils enfin un écho à Bruxelles ? Le conseil européen des ministres de l’agriculture, qui se réunit lundi 14 mars, devrait acter plusieurs décisions destinées à desserrer l’étau qui étrangle les éleveurs, victimes de l’effondrement des cours du lait et du porc. Pour Stéphane Le Foll, sans doute échaudé par les huées essuyées par François Hollande au Salon de l’agriculture, c’est un peu la croisade de la dernière chance. Décidé à démontrer sa combativité, le ministre de l’Agriculture veut « réorienter l’approche libérale qui montre ses limites », comme il l’affirme sur Twitter.
De fait, certaines mesures que le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, semble disposé à accepter, s’assoient sur les règles de la libre concurrence, qui sont traditionnellement l’alpha et l’oméga de la doctrine défendue par Bruxelles. Selon Libération et le Monde, il n’est certes pas question de rétablir les quotas laitiers supprimés l’an dernier, mais de revenir à une certaine régulation.
Les Etats devraient avoir plus de latitude pour aider les exploitants.
Ainsi, le conseil des ministres européens devrait autoriser les organisations de producteurs à s’entendre pour limiter volontairement leur production de lait pour une période de six mois renouvelable. Il s’apprête aussi à relever le plafond des aides ministérielles autorisées pour les exploitants. Autrement dit, Bruxelles ne donnera pas d’argent frais aux agriculteurs – l’Union européenne en a déjà bien besoin pour tenter de régler la crise des migrants – mais donnera plus de latitude aux Etats pour qu’ils puissent les aider à leur niveau.
Les ministres de l’agriculture devraient également assouplir la réglementation du stockage de porc et de poudre de lait. L’objectif : permettre aux exploitants de conserver plus longtemps leurs surplus, afin de ne pas les forcer à vendre à perte en cette période de prix bas.
Comme toujours dans les négociations bruxelloises, tout sera affaire d’additions. Stéphane Le Foll a cherché à rallier un maximum d’Etats membres à sa cause pour réunir une majorité. Le ministre affirme avoir dans sa poche l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Slovénie. Cette coalition s’opposera aux pays « nordiques » (Suède, Danemark, Irlande, Royaume-Uni), qui préfèrent laisser le marché fixer les prix des produits agricoles, sans intervention publique.
L’inconnue persiste, en revanche, sur d’autres mesures réclamées de longue date par les syndicats agricoles en France. Stéphane Le Foll affirme se battre à Bruxelles pour un étiquetage plus précis sur la provenance de la viande et du lait, mais cette disposition est toujours vue d’un mauvais œil par la Commission, qui estime qu’elle coûterait trop cher à l’industrie. Quant à la levée de l’embargo russe, le ministre de l’Agriculture a concédé vendredi qu’il n’avait pas la main : « Cela relève de négociations politiques au plus haut niveau. » Comprendre : allez demander à Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande.
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