Candidate à la primaire de la droite, Nathalie Kosciusko-Morizet a détaillé dans « On n’est pas couché » (ONPC) samedi soir l’idée d’un financement des mosquées en France par une taxation des produits halal. Solution pour se soustraire aux financements étrangers ou proposition communautariste ?
C’est un sujet lancé par Marine Le Pen et qui avait pourri la dernière ligne droite de la présidentielle de 2012 : le « halal », c’est-à-dire tout ce qui est conforme à la charia, la loi islamique, notamment en matière de règles alimentaires et d’abattage rituel. « Première préoccupation » des Français, avait même jugé Nicolas Sarkozy à l’époque (sic), sans pour autant faire émerger de solution concrète. Invitée de On n’est pas couché sur France 2 le 12 mars au soir, Nathalike Kosciusko-Morizet, officiellement candidate à la primaire de la droite et du centre, aborde le sujet différemment : elle propose de profiter des produits halal pour les taxer et ainsi financer l’islam de France.
« Le problème, et on peut tous le partager, c’est qu’il y a une hypocrisie terrible. Tous les ministres de l’Intérieur, qu’ils soient de droite ou de gauche, disent : « On veut créer un islam de France ». Moyennant quoi, tous négocient les conditions d’exercice de l’islam avec les pays d’origine. » Sur le plateau d’ONPC, NKM part d’un constat partagé par tous : certaines mosquées sont financées par l’Algérie, le Maroc, ou encore l’Arabie saoudite et le Qatar – deux pays qui défendent la vision d’un islam rigoriste loin des exigences républicaines d’une laïcité à la française, et par ailleurs soupçonnés de financer le terrorisme et des groupes islamistes comme Daesh. Au-delà de cet état des lieux, NKM diverge de ses concurrents à la primaire par une solution détaillée dans son dernier ouvrage.
Voir à partir de 40’30 :
Pour sortir de ce « décalage » qu’elle dénonce farouchement, la chef de l’opposition LR à la mairie de Paris propose de créer une « taxe halal » pour « trouver des financements autonomes pour l’islam de France. » Le principe est simple, comme elle l’a déjà détaillé sur RTL le 4 décembre 2015. Le marché du halal représente 6 milliards d’euros par an. En levant une taxe de 1% sur ce marché, on pourrait récupérer 60 millions d’euros par an. Une somme qui irait directement dans les caisses de la « Fondation des œuvres de l’islam de France« , organisme imaginé par Dominique de Villepin pour « lever des financements alternatifs aux financements étrangers. » Un circuit complexe qui permettrait, aux yeux de NKM, de respecter la loi de 1905 qui empêche l’État de salarier, de subventionner ou de financer les cultes présents sur le territoire français, selon son Article 2.
« Propositition communautariste« , regrette Léa Salamé en plateau : « Vous institutionnalisez le communautarisme, (…) vous présupposez que les musulmans mangent halal et qu’ils vont financer les mosquées… ». NKM s’en défend, expliquant qu’il s’agit de « mettre une taxe sur la consommation, c’est-à-dire sur les produits qui se déclarent halal. C’est comme quand vous avez un label« . Pour se justifier, elle affirme qu’il existe déjà une taxe sur la « cacheroute », c’est-à-dire l’ensemble des prescription du culte juif en matière de règles alimentaires. « Ça ne se fait pas en fonction des origines, ça se fait en fonction de la pratique », explicite-t-elle.
Aujourd’hui, la « taxe » sur les produits casher est pratiquée par le Beth Din, sorte de « tribunal » religieux qui dépend du Consistoire, l’organe de représentation du culte israélite en France. « La taxe casher prélevée par le Beth Din comprend le contrôle casher mais aussi de quoi financer des activités religieuses, c’est pourquoi les prix sont élevés », détaille ainsi Florence Bergeaud-Blackler, auteure de Comprendre le halal et sociologue au CNRS.
Pour NKM, « il faut que chacun finance son propre culte ». C’est la raison pour laquelle elle refuse la proposition de Gérald Darmanin, vice-président LR de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui souhaite un nouveau « Concordat », provisoire, pour rattraper le retard (la loi de 1905 fut instaurée à une époque où il n’y avait pas autant de Français de confession musulmane) et construire des mosquées via l’État, ce que la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat empêche actuellement. C’est « non » pour NKM, qui, au nom de cette loi de 1905, refuse que tous les Français participent au financement du culte musulman. Seule chose sûre : les exégètes de la laïcité ont de beaux jours devant eux.
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