L’UDI participera-t-elle à la primaire organisée par Les Républicains en novembre ? C’est la grande question qui agite le parti centriste, et doit être tranchée lors de son congrès le 20 mars. En attendant, son patron Jean-Christophe Lagarde dramatise l’enjeu pour obtenir plus de concessions de Nicolas Sarkozy, et notamment des circonscriptions aux législatives de 2017.
Tremblez, mortels (de droite)… Jean-Christophe Lagarde a parlé : l’Union des démocrates et indépendants (UDI) qu’il préside ne participera pas à la primaire organisée par Les Républicains pour désigner le candidat de la droite à la présidentielle en novembre. « La primaire de la droite aura lieu sans nous », assène Lagarde dans un entretien à Paris Match ce mardi 8 mars. « Ce sera la primaire de la droite, pas du centre. » Le patron de l’UDI devance quelque peu le vote des quelque 23.000 adhérents de son parti. Ceux-ci seront en effet invités à se prononcer par voie électronique, la semaine prochaine, sur la participation ou non de l’UDI à la primaire. Et un congrès prévu le 20 mars avalisera leur décision. Mais qu’on ne s’y trompe pas : si Jean-Christophe Lagarde se fait si martial, c’est pour accentuer la pression sur Nicolas Sarkozy, avec lequel il souhaite obtenir un accord favorable à son parti.
Pour une fois, les ténors de l’UDI étaient d’accord
Revenons un peu en arrière pour les non-initiés aux gesticulations quotidiennes du petit théâtre centriste. Nicolas Sarkozy, qui souhaite éviter la concurrence d’un candidat UDI au premier tour de la présidentielle, voyait d’un bon œil une participation du parti centriste à la primaire, suivie d’un ralliement au vainqueur du scrutin. De son côté, Jean-Christophe Lagarde cherchait à troquer cette participation contre un accord sur plusieurs orientations de fond (construction européenne, réduction de la dette publique…) mais aussi… sur le nombre de circonscriptions accordées à son parti pour les législatives de 2017. Il en réclame « entre un quart et un tiers ».
En janvier, le patron de l’UDI a donc envoyé une lettre à Nicolas Sarkozy en formulant ses exigences. « Je n’ai jamais eu de réponse », déplore-t-il. C’est dommage, pour une fois, les ténors de l’UDI, habituellement prompts à se déchirer en place publique, étaient au diapason : pas de participation à la primaire sans accord sur le programme et les législatives. « Hervé (Morin), Jean-Christophe (Lagarde) et moi avons rapidement été sur la même ligne », souligne auprès de Marianne Laurent Hénart, maire de Nancy et président du Parti radical, l’une des composantes de l’UDI.
Un cadre de l’UMP sur Lagarde: « il créé le bras de fer pour obtenir le maximum de concessions aux législatives. »
— Thibaut Pézerat ✌️ (@ThibPez) March 9, 2016
Mais chez LR, on ne semble pas pressé de conclure. Mezza voce, de nombreux cadres moquent le faible poids de l’UDI. « Ils sont emmerdés », confie un député LR. « D’un côté, ils sentent qu’ils ne peuvent pas rester à l’écart de la primaire et en même temps, ils ont la trouille de faire 5%. Et 5% au sein d’une primaire, imaginez combien ça fait à une présidentielle… » Ce sénateur influent n’est pas plus tendre : « L’UDI, c’est une addition d’individus », flingue-t-il, en assurant que « sur le terrain, beaucoup de centristes se rallient à des candidats à la primaire ». C’est notamment le cas du député UDI Yves Jégo, qui soutient désormais Bruno Le Maire.
« Sans nous, ils ne gagnent pas, et sans eux, on ne gagne pas »
Aux élections départementales et régionales de 2015, Nicolas Sarkozy avait conclu une alliance avec Jean-Christophe Lagarde après d’âpres discussions. Le patron de LR semble désormais avoir pris ses distances. Aurait-il été refroidi par les régionales ? Sarkozy avait accordé à l’UDI trois têtes de listes sur 13. Résultat : seul Hervé Morin l’a emporté en Normandie, dans un mouchoir de poche. De quoi conforter ceux qui, chez LR, estiment que Sarkozy a trop concédé aux centristes. Même si l’argument est balayé par le patron des députés UDI Philippe Vigier, candidat malheureux à la présidence de la région Centre-Val de Loire. « J’ai devancé les socialistes dans mon département alors que Les Républicains ont été battus dans les départementaux où ils étaient mieux ancrés », souligne-t-il auprès de Marianne. Sa conclusion : « On a besoin les uns des autres. Sans nous, ils ne gagnent pas, et sans eux, on ne gagne pas. »
Mardi soir, le bureau politique de LR a tout de même daigné aborder le sujet UDI, sans prendre de décision pour autant. Ce mercredi, Alain Juppé a tenté de jouer sa carte en se disant ouvert à « un accord de gouvernement ». « Les lignes bougent », se félicite un cadre UDI. Peut-être mais en attendant, toutes les hypothèses restent ouvertes, y compris celle d’une candidature centriste en 2017. S’il y a va, Jean-Christophe Lagarde ne pourra toutefois pas compter sur l’union de son parti derrière lui, loin de là. « Lagarde à la présidentielle, c’est 1%, alors que le centre représente bien plus que ça », persifle un ténor de l’UDI. Bonne ambiance…
De son côté, son grand rival Hervé Morin temporise. « Je ne compte pas prendre position avant septembre », explique-t-il à Marianne. Le patron du Nouveau centre préfère se projeter dans l’après-présidentielle. « Le président élu en 2017 aura l’obligation de rassembler de Valls à Sarkozy pour sortir d’un système politique à bout de souffle. A ce moment-là, il faudra bâtir la force politique centrale sur laquelle il pourra s’appuyer. » A l’UDI, quand le quotidien est incertain, on rêve de lendemains qui chantent.
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