Il n'y a pas d'alternative de gauche à François Hollande

Au nom de quoi se permet-on de dire que François Hollande ne pratiquerait pas une politique de gauche ? En quoi certains seraient plus habilités que d’autres à dire ce qui est de gauche et ce qui ne l’est pas ?

A l’occasion des débats sur le projet de loi El Khomri, la gauche de la gauche dénonce la politique de François Hollande, comme elle l’avait déjà fait à l’occasion du pacte de responsabilité et du projet de révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité, en prétendant que François Hollande ne pratiquerait pas une politique de gauche.

Mais au nom de quoi se permet-on de dire cela ? En quoi certains seraient plus habilités que d’autres à dire ce qui est de gauche et ce qui ne l’est pas ?

Qu’il y ait plusieurs gauches, et qu’il existe des différences significatives entre elles, est indéniable. Mais la gauche qui gouverne, la gauche social-démocrate, est aussi légitime à se dire de gauche que la gauche qui conteste, la gauche anticapitaliste.

La gauche se définit par opposition à la droite. Et de ce point de vue, François Hollande est indiscutablement de gauche.

Tout d’abord il est haï par la droite, comme aucun dirigeant de gauche ne l’a été sous la Vème République. François Mitterrand a toujours conservé un certain respect de la part de la droite, et même Lionel Jospin. Il faut sans doute remonter à Léon Blum pour retrouver une telle haine. Elle lui reproche les hausses d’impôts, qui ont frappé les plus aisés (remise en cause des allègements d’ISF, imposition des revenus financiers au barème, création d’une tranche d’IR à 45%). Il ne correspond pas non plus à l’image qu’elle a du Président de la République qui doit être autoritaire et décider seul sans concertation. Enfin le mariage pour tous, les aménagements de l’IVG ou l’augmentation du nombre d’enseignants hérissent la droite.

Ensuite François Hollande a fait adopter de nombreuses mesures sociales : la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, l’augmentation des minima sociaux, la prime d’activité, la complémentaire santé pour tous, le compte personnel d’activité. Par ailleurs, il a renforcé les droits des salariés et des syndicats, en imposant des représentants des salariés dans les conseils d’administration des grands groupes, en organisant une grande conférence sociale annuelle, en faisant précéder les grandes réformes sociales par des négociations sociales. De ce point de vue le projet de loi El Khomri renforce les droits de salariés et des syndicats en généralisant la règle de l’accord majoritaire et en permettant, à défaut d’accord majoritaire, un accord signé par des syndicats représentant 30% des salariés et approuvé par les salariés via un référendum.

Enfin que ceux qui pensent que Hollande est pire que Sarkozy ne viennent pas pleurer en 2017 si la droite revient au pouvoir. Son programme est clair, et il n’y a pas de différence sur ces sujets entre Juppé et Sarkozy : elle veut baisser les impôts de 100 milliards, et pour financer ces baisses elle veut baisser les dépenses publiques d’autant, soit le double des 50 milliards d’économies budgétaires faites sous François Hollande. La droite réduira drastiquement les moyens de l’éducation nationale, supprimera de fait le RSA (en obligeant ses bénéficiaires à travailler, ce que par définition ils ne peuvent pas faire), relèvera à 65 ans l’âge de départ à la retraite, réduira les dépenses de l’assurance-maladie, supprimera 300.000 emplois publics…

On peut ne pas être d’accord avec tout ce que fait François Hollande, on peut être de gauche et ne pas le soutenir. Mais il faut être conscient qu’il n’existe pas d’alternative de gauche à François Hollande, comme l’ont montré les résultats de toutes les élections intervenues depuis 2012. La division à gauche ne profite qu’à la droite, voire à l’extrême-droite.

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