L’ancien président Lula, très populaire pour avoir sorti un grand nombre de Brésiliens de la pauvreté, voire de la misère, a été arrêté et placé en garde à vue ce vendredi 4 mars après une perquisition à son domicile. Il pourrait avoir trempé dans la plus vaste affaire de corruption qu’ait connu le pays…
L’ancien président Lula, adoré par l’immense majorité des Brésiliens pour avoir sorti un grand nombre d’entre eux de la pauvreté, voire de la misère, a été arrêté et placé en garde à vue ce vendredi 4 mars après une perquisition à son domicile. L’homme du peuple, jadis ouvrier dans la métallurgie, pourrait avoir trempé dans le plus gros scandale d’Etat qu’ait connu le Brésil ces dernières années.
Relativement épargné jusqu’ici par les révélations quasi-quotidiennes qui ont déjà éclaboussé plus d’une trentaine de parlementaires de tous bords, et non des moindres à l’instar du président de la Chambre des députés, Lula est à son tour rattrapé par l’affaire Petrobras.
Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il cache un système tentaculaire de détournement de fonds publics exfiltrés du pétrolier d’Etat — la compagnie Petrobras – au profit de l’élite politique et économique du pays. En dix ans, cette dernière se serait répartie plusieurs milliards de reals (la monnaie brésilienne), selon la justice qui enquête depuis 2014.
Une montagne d’or qui a servi à financer illégalement la vie politique brésilienne, et notamment les différents partis, mais aussi et surtout les intérêts privés des puissants, gratifiés pour leurs loyaux services essentiellement via le versement de pots-de-vin.
Pour Lula toutefois, le cas est un peu différent. Pour l’heure, aucun compte à l’étranger dissimulé dans un paradis fiscal dont il serait l’ayant-droit ou le bénéficiaire indirect n’a été retrouvé. Bien que des versements, pour un montant de 30 millions de reals, officiellement liés à des dons ou à des conférences données par l’ex-chef d’Etat, fassent l’objet d’un volet de l’enquête.
Les enquêteurs s’intéressent surtout aux investissements immobiliers non déclarés de l’ancien président, dont une très belle demeure (173.000 mètres carrés, soit 24 terrains de football) restaurée à grands frais dans la ville d’Atibaia (dans l’Etat de Sao Paulo) par, entre autres, la plus importante des multinationales brésiliennes, le constructeur Odebrecht.
Or, les liens entre le groupe et Lula ne sont pas clairs. Depuis cet automne, Lula est en effet visé par une enquête pour trafic d’influence. Il aurait usé lors de son deuxième mandat, d’après des documents retrouvés dans les locaux d’Odebrecht, de ses relations pour tenter d’obtenir des marchés publics à l’étranger en faveur du constructeur.
De son côté, Odebrecht est accusé d’avoir détourné des centaines de millions de dollars des caisses du géant public Petrobras, à travers là encore la signature de marchés publics avec l’Etat brésilien – dirigé par la gauche et notamment Lula depuis 2003 – et d’en avoir transféré au moins une infime partie (3 millions) à un membre imminent de l’équipe de communication… qui a piloté aussi bien la réélection de Lula en 2006 que les deux élections successives de l’actuelle présidente (très contestée) Dilma Rousseff.
Marcelo Odebrecht, l’ancien dirigeant de la multinationale, actuellement derrière les barreaux, dément ces accusations, de même que l’ancien président Lula. Dans sa déposition, un ancien sénateur, entendu sous le statut de « delação premiada », autrement dit en échange d’une remise de peine, va cependant plus loin : les deux propriétaires officiels de la maison d’Atibaia, deux hommes d’affaires associés du fils de Lula, serviraient en réalité de prête-nom à l’ex-président, qui serait le véritable maître des lieux.
Un système semblable à celui qu’aurait enfin mis en place Lula pour un autre appartement, un triplex situé au bord des plages de l’état de Sao Paulo, rénové à son compte par un autre des grands groupes bésiliens de BTP, le groupe OAS, qui apparaît dans les documents officiels comme le propriétaire des lieux occupés en réalité par Lula et sa famille. Des photos, récemment publiées dans la presse, montrent ainsi l’ancien président faire le tour du propriétaire avant les travaux, en compagnie de l’ex-PDG d’OAS.
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