La pétition contre la loi Travail de Myriam El Khomri, lancée sur la plateforme change.org le 19 février, a dépassé ce vendredi 4 mars peu après 21 heures le million de signatures, un record pour le site en France. Mobilisera-t-elle autant dans la rue, ce mercredi 9 mars et le 31 ?
Le million, le million ! Loin de feu le jeu télévisé, c’est sur un autre type d’écran que le fatidique palier a été atteint : la pétition contre la loi Travail de Myriam El Khomri, lancée le 19 février par la militante Caroline De Haas sur la plateforme change.org, a dépassé ce vendredi 4 mars le million de signatures. Un score jamais atteint depuis le lancement du site en France.
Grâce à un départ en trombe, et une forte mobilisation sur Twitter avec les hashtags #LoiTravailNonMerci et #OnVautMieuxQueÇa, la pétition a réussi à agréger les oppositions citoyennes à la réforme, en dehors des partis politiques.
« C’est un record à plusieurs titres » confie à Marianne Benjamin des Gachons, directeur de change.org France. « Non seulement elle dépasse le précédent record, mais c’est aussi la pétition la plus virale au monde sur les 10 derniers jours », poursuit celui qui a lancé en 2012 la version française du site. Même s’il se refuse à « spéculer » sur le score final qu’elle atteindra, il souligne assister à « un véritable mouvement, avec des initiateurs qui font des mises à jour régulières, notamment sur les réseaux sociaux ». Le précédent record de signataires (plus de 500.000) avait été établi par Elise Lucet « contre la Directive Secret des Affaires », et la troisième place du podium revient à celle réclamant la grâce présidentielle de Jacqueline Sauvage qui, avec ses 435.000 signatures, avait réussi à se faire entendre de François Hollande.
L’influence de ce nouveau type de mobilisation sur la décision politique a de nouveau commencé de se vérifier lundi, quand le gouvernement a annoncé le report de deux semaines de la présentation du projet de loi. Un report justifié par la nécessité de retravailler le texte et de répondre à la forte opposition des syndicats et d’une partie de la gauche. Le texte sera donc finalement présenté en Conseil des ministres le jeudi 24 mars, en vue d’être adopté « avant la suspension estivale des travaux parlementaires ».
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Forts du succès inespéré de cette consultation numérique et du report gouvernemental, les syndicats comptent bien profiter de ce timing resserré. Deux journées de mobilisations, cette fois-ci bien réelles, sont déjà prévues. La première aura lieu ce mercredi 9 mars et devrait réunir essentiellement la jeunesse. L’appel des organisations lycéennes et étudiantes a lui aussi trouvé un écho inattendu grâce aux réseaux sociaux : la page Facebook appelant à manifester regroupe à ce jour plus de 50.000 participants.
La journée du mercredi 9 mars devrait être avant tout un test. Au sortir de la réunion des principaux syndicats jeudi, la CGT, FO, Solidaires, la FSU, et les syndicats étudiants FIDL et UNEF, ont appelé à descendre dans la rue le 31 mars : « Les salarié-es, les privé-es d’emplois, les jeunes, les retraité-es ont toutes les raisons de se mobiliser ensemble, par toutes les formes, y compris par la grève et les manifestations sur tout le territoire, pour obtenir le retrait du projet de loi de réforme du code du travail, et pour l’obtention de nouveaux droits, synonymes de progrès social, pour gagner aussi une autre répartition des richesses dans une société solidaire. »
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D’ici la fin du mois, d’autres syndicats pourraient se joindre au mouvement. La CFE-CGC, syndicat de cadres, annonce ainsi que « si le texte ne bouge pas », il se joindra à l’appel à manifester le 31 mars. De leur côté, la CFDT, la CFTC, l’UNSA et la CFE-CGE (syndicat étudiant) ont signé un texte commun afin que soit « impérativement modifié en profondeur afin de le rééquilibrer en faveur des salariés ». La roue de la fortune va-t-elle mal tourner pour la réforme du gouvernement ?
Un reportage diffusé jeudi 3 mars au 20h de France 2 suggérait qu’il était possible de gonfler artificiellement la pétition. Ce vendredi, Benjamin des Gachons souligne pour Marianne qu’« en voulant démontrer des défaillances, le reportage a finalement démontré le contraire, en présentant les process que nous utilisons pour vérifier l’identité des signataires, et donc supprimer les participations frauduleuses a posteriori ». CQFD.
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